Le Ghana, pourtant premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest, subit chaque année d’énormes pertes liées à la contrebande d’or artisanal à destination notamment des Émirats arabes unis, en particulier Dubaï. C’est ce que révèle une enquête menée par l’organisation suisse Swissaid.
229 tonnes d’or évaporées entre 2013 et 2018
Selon le rapport, entre 2013 et 2018, 229 tonnes d’or ont quitté illégalement le pays sans être déclarées, soit une perte estimée à 11,4 milliards de dollars (environ 6 475 milliards FCFA). Cette fraude massive prive le Ghana de recettes fiscales cruciales pour son économie.
Les données révèlent un écart important entre les exportations officielles déclarées par le Ghana et les volumes importés par les Émirats arabes unis, mettant en lumière l’ampleur du trafic illicite. Ce commerce parallèle se fait souvent hors des circuits officiels, à la main ou par voie aérienne, échappant ainsi au contrôle douanier.
Un trafic bien organisé, via le Togo, le Mali et le Burkina Faso
La contrebande d’or ne passe pas uniquement par des canaux internes. Des pays voisins comme le Togo, le Mali et le Burkina Faso, où les frontières sont plus difficiles à contrôler, servent également de points de transit pour cet or illégalement exporté vers Dubaï.
Des réformes fiscales inefficaces face à la fraude
Pour tenter d’enrayer ce phénomène, le gouvernement ghanéen avait instauré une taxe de 3 % sur l’or artisanal exporté. Cependant, cette mesure a eu un effet pervers : au lieu d’encourager la déclaration, elle a poussé davantage d’acteurs vers la clandestinité. Face à cette situation, les autorités ont réduit la taxe à 1,5 %, sans pour autant stopper l’hémorragie.
En 2023, 34 tonnes d’or ont échappé au contrôle de l’État, soit l’équivalent de toute la production artisanale annuelle.
Un potentiel fiscal inexploité
Malgré ces pertes, le Ghana a tout de même généré 11,6 milliards de dollars de revenus tirés de ses exportations d’or au cours des dernières années. Un chiffre qui pourrait être bien supérieur si le pays parvenait à mieux encadrer le secteur artisanal, lutter efficacement contre la contrebande, et sécuriser les recettes fiscales liées à ce métal précieux.