Le Sénégal affiche un intérêt grandissant pour intégrer les BRICS, ce groupe de puissances émergentes de plus en plus influent dans la reconfiguration du nouvel ordre mondial multipolaire. À mesure que l’organisation s’ouvre à de nouveaux membres, les ambitions des pays du Sud global, comme le Sénégal, deviennent plus visibles, illustrant un glissement stratégique dans les rapports de force internationaux.
Un repositionnement diplomatique en marche
C’est dans ce contexte de redéfinition des alliances que s’inscrit la volonté sénégalaise de se rapprocher des BRICS. Jadis considéré comme un partenaire privilégié de la France en Afrique, Dakar diversifie désormais ses axes de coopération. Cette orientation a été confirmée par la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall :
« Le Sénégal fait partie des pays qui ont salué la création des BRICS et qui sont en discussion avec ce groupe, avec l’intention d’en devenir membre », a-t-elle déclaré au média SenePlus.
Mme Fall a souligné les atouts que son pays pourrait mettre à profit dans une telle organisation : stabilité politique, ressources naturelles et ambitions industrielles en plein essor. Elle voit dans les BRICS une plateforme plus équitable pour les nations du Sud, capable d’offrir des alternatives économiques et monétaires en dehors des circuits traditionnels.
Si l’adhésion officielle reste encore à l’étude, un statut de partenaire stratégique pourrait être un premier pas vers une intégration plus poussée.
Un profil économique de plus en plus attractif
Porté par une croissance économique remarquable, le Sénégal a été classé deuxième pays africain le plus dynamique en 2024 par la Banque africaine de développement, avec un taux prévisionnel de 8,2 %. Sa position géographique lui confère par ailleurs un rôle pivot entre l’Afrique de l’Ouest et le reste du continent.
Le paysage commercial du pays reflète déjà cette ouverture vers l’Est. Le Mali — désormais membre de l’Alliance des États du Sahel (AES) et proche de Moscou — est le principal client des exportations sénégalaises. La Chine reste son principal fournisseur, tandis que la Russie consolide sa place, notamment dans le secteur énergétique et celui des céréales.
Une intégration conditionnée par les choix à venir
L’éventuelle adhésion du Sénégal aux BRICS dépendra en grande partie de ses orientations stratégiques régionales et internationales. Le renforcement de ses liens avec l’AES, la diversification de ses partenariats et une volonté assumée d’inscrire sa politique étrangère dans une logique multipolaire pourraient ouvrir la voie à une place dans cette alliance alternative.
Le chemin vers les BRICS n’est peut-être qu’à ses débuts, mais le message de Dakar est clair : le Sénégal entend jouer sa partition dans la recomposition des équilibres mondiaux.