A trois mois de l’élection présidentielle prévue au mois d’octobre prochain, certains membres du gouvernement et du parti au pouvoir ne parlent plus la même voix, donnant l’impression d’un malaise profond au sein de la caste politique.
Au Cameroun, rien ne va plus entre certains membres du gouvernement et le parti au pouvoir. A trois mois de l’élection présidentielle le conflit au sein de la caste politique est plus que jamais visible. En début de semaine, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, invité de nos confrères de RFI était resté prudent sur la candidature de Paul Biya aux prochaines élections présidentielles. « Le Rdpc connaît les dispositions de la loi. Nous avons encore suffisamment de temps pour que le Rdpc se prononce. Et donc nous entendons dans les meilleurs délais possibles sous la conduite de son président national, le président Paul Biya, nous entendons décider dans ce sens-là », avait déclaré René Emmanuel Sadi, le 7 juillet. « Le chef de l’Etat lui-même a laissé entendre que le moment venu il dirait à ses militants s’il est candidat ou non. Il se prononcera en son âme et conscience. Et c’est un homme d’une très grande clairvoyance, d’une très grande sagesse. Il saura dire à ses compatriotes la position qui sera la sienne », avait-il ajouté.
Le même jour, son homologue de l’Enseignement et chargé de la communication du parti au pouvoir, le professeur Jacques Fame Ndongo avait ramé à contre-courant. « Le candidat du RDPC est désigné à l’article 27, alinéa 3, des statuts du Parti. Que dit cet article ? Le Président national du RDPC est le candidat du Parti à l’élection présidentielle. Il est le candidat, et je le dis de manière catégorique ».
Ajoutant que qu’« on n’a pas besoin d’un congrès, on n’a pas besoin d’autre chose. Nous avons nos statuts. C’est le droit positif, c’est-à-dire que l’article 27, alinéa 3, des statuts du Parti ne laisse planer aucun doute : le Président national du RDPC est le candidat à l’élection présidentielle ».
Des consultations boycottées
Attendu depuis des années, le congrès du RDPC, le parti au pouvoir, n’a pas encore eu lieu. A la place, Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République a organisé des consultations politiques. Au nom du président de la République, son plus proche collaborateur a rencontré des délégations venues des 10 régions du pays. Mais ces consultations ont été boycottées par plusieurs ministres. Entre autre, le premier ministre Joseph Dion Ngute, le ministre de la justice Laurent Esso, le Directeur du cabinet civil Samuel Mvondo Ayolo, ainsi que le ministre du cadastre Henri Eyebe Ayissi et celui de l’économie Alamine Ousmane Mey.
Lors des consultations, un incident s’est produit entre René Emmanuel Sadi le porte-parole du gouvernement et Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général à la présidence de la République. Un incident qui a poussé le porte-parole du gouvernement a vidé les lieux avant la fin de la rencontre. Dans une vidéo dont nous tenons copie, on peut voir des salutations assez froides entre les deux hommes.
A noter que depuis quelques semaines, plusieurs ministres ont démissionné du gouvernement justifiant leur départ par le fait que Paul Biya ne gouverne plus. A 92ans dont 43 au pouvoir, Paul Biya pourrait briguer un autre mandat de 7 ans.
Essama Aloubou