Après ses 100 premiers jours d’exercice de pouvoir, quel bilan pour Bassirou Diomaye Faye ? L’ancien opposant devenu président, avait promis de répondre aux attentes des Sénégalais. Et parmi ses promesses de campagne, lutter efficacement contre la vie chère.
Durant plus de deux heures d’entretien avec six journalistes de grands médias nationaux, Bassirou Diomaye Faye a, d’entrée de jeu, tenu à faire cette précision : il ne s’agit pas d’un bilan mais d’un état des lieux.
Car, soutient-il, « 100 jours sur 1800 d’un mandat, c’est trop court ».
Réaffirmant sa volonté d’être le plus transparent possible, le nouveau dirigeant sénégalais affirme que Macky Sall aurait tenté de saboter son bilan, à la dernière minute.
« Pour ce qui est de l’eau, nous avons aussi trouvé des choses pas nettes. À titre d’exemple, mon prédécesseur et son équipe ont pris un arrêté le 29 mars 2024 pour augmenter le coût de l’eau consommé par les ménages. À peine installé, je risquais de faire face à des mécontentements des populations dus à des factures élevées, ce qui est anormal », relève-t-il.
Il a saisi donc cette occasion pour critiquer l’administration sortante.
« Dans le secteur de la santé, j’ai découvert des contrats et autres marchés qu’on a voulu signer à la hâte pour des gens aux niveaux des hôpitaux. À l’époque, je n’avais pas encore prêté serment. Mais j’ai appelé directement la ministre de la Santé de l’époque pour lui dire que ces contrats sont illégaux et qu’ils ne doivent pas être signés. Elle a respecté les directives que je lui ai données. Ces contrats étaient surfacturés de façon inimaginable et inacceptable. Nous avons donc bien fait de les bloquer ».
Abordant la question des fonds politiques de la présidence, des fonds spéciaux, M Faye souhaitait les supprimer, en soulignant qu’il ne restait plus rien dans cette réserve à son arrivée au pouvoir.
Se prononçant sur la question de la coopération militaire avec la France qui, faut-il le préciser, a encore une base militaire à Dakar, mais avec des effectifs en baisse ces derniers mois, le président explique que c’est tout un cadre qu’il veut redéfinir.
En d’autres termes, pas question d’une « rupture brutale » avec la France.
Désigné facilitateur de la Cédéao, aux côtés de son homologue togolais, Faure Gnassingbé, pour discuter avec les pays de l’AES, Mali, Burkina Faso et Niger qui souhaitent quitter l’organisation, le chef de l’Etat sénégalais juge « légitime », leur position.
Car, arrivé récemment au pouvoir, il fait figure d’acteur relativement neutre et n’est pas associé aux sanctions que ces États ont subies de la part de la Cédéao.