Le Sénégal envisage de mettre fin à la présence des bases militaires françaises sur son sol. Le président Bassirou Diomaye Faye, jusqu’alors discret sur cette question, a affirmé sa volonté de demander le retrait des forces françaises, marquant un tournant dans les relations entre Dakar et Paris.
Cette décision contraindra la France à revoir une fois de plus sa stratégie militaire en Afrique. Alors qu’elle planifiait une réduction de ses effectifs tout en maintenant une présence permanente, ces évolutions risquent de bouleverser ses projets.
Après la rupture de l’accord de défense entre le Tchad et la France, le président sénégalais a confirmé son intention de fermer les bases françaises au Sénégal. Selon lui, leur présence à Dakar est incompatible avec la souveraineté nationale, une position déjà exprimée par son Premier ministre, Ousmane Sonko.
« Le Sénégal est un pays indépendant et souverain. Cette souveraineté ne peut coexister avec des bases militaires étrangères sur son territoire. »
Bassirou Diomaye Faye
Le président prône néanmoins une approche mesurée, privilégiant une transition en douceur, contrairement à certaines ruptures brutales observées dans d’autres pays africains. Aucun délai précis n’a été fixé pour l’instant, mais le Sénégal prévoit d’informer officiellement les autorités françaises et de convenir d’un calendrier adapté.
Malgré cette volonté de retrait militaire, Bassirou Diomaye Faye insiste sur l’importance de maintenir des relations étroites avec la France, soulignant les investissements français et la présence de ses entreprises et ressortissants au Sénégal. Il a également évoqué une lettre reçue de son homologue français reconnaissant le massacre de Thiaroye en 1944, un geste symbolique dans le contexte des relations bilatérales.
Une base de 350 militaires à Dakar
Depuis 2011, la base militaire française à Dakar accueille 350 soldats dans le cadre d’un accord signé entre les deux pays. Cette structure, dénommée « Pôle opérationnel de coopération » (POC), remplit plusieurs missions, notamment :
- protéger les intérêts français et ses ressortissants,
- soutenir les opérations militaires régionales,
- renforcer la coopération opérationnelle régionale,
- mener des opérations de recherche et sauvetage, ainsi que des missions de sécurité civile.
L’annonce du président sénégalais marque un moment charnière pour l’avenir de cette coopération militaire, tout en ouvrant la voie à de nouvelles modalités de partenariat entre Dakar et Paris.