À un mois de l’élection présidentielle, Kaïs Saïed remanie profondément son gouvernement. Le président tunisien a décidé ce dimanche 25 août 2024 de remplacer 19 ministres, dont ceux des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que trois secrétaires d’État, après avoir limogé le Premier ministre début août, poste qui reste vacant depuis.
Parmi les nouveaux noms, Mohamed Ali Nafti, ancien diplomate ayant servi dans plusieurs ambassades tunisiennes, notamment en Grèce, en Espagne et en Corée du Sud, est nommé chef de la diplomatie. Il avait été secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères avant d’être démis de ses fonctions par Kaïs Saïed en 2021.
Khaled Shili, également ancien diplomate et ex-responsable au ministère des Affaires étrangères, est nommé ministre de la Défense. Il a notamment été ambassadeur en Jordanie. Les trois nouveaux secrétaires d’État soutiendront les ministres des Affaires étrangères, de l’Agriculture et des ressources hydrauliques, et de l’Emploi.
En vue de l’élection présidentielle du 6 octobre, Kaïs Saïed, qui brigue un second mandat, présente ce remaniement comme une étape dans sa « guerre de libération et d’autodétermination » pour « établir une nouvelle république ». Ses principaux adversaires sont Zouhair Maghzaoui, un ex-député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un industriel quadragénaire à la tête d’un parti libéral.
Le 20 août, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a signalé que « huit candidats potentiels ont été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés », ce qui les a empêchés de se présenter. Parmi eux figurent les opposants politiques Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, ainsi qu’Abir Moussi, leader du Parti destourien libre, qui incarne la nostalgie des anciens régimes de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali.
« Après avoir emprisonné des dizaines d’opposants et militants de renom, les autorités ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la présidence, réduisant cette élection à une simple formalité », a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient/Afrique du Nord pour HRW.
De plus, plusieurs candidats ont dénoncé des obstacles administratifs, notamment pour obtenir les formulaires de parrainages et les extraits de casier judiciaire nécessaires à leur candidature.