L’audience en appel de l’avocate tunisienne Sonia Dahmani, suspendue mardi 10 septembre 2024, a laissé ses partisans dans l’incertitude. Les juges doivent encore statuer sur la tenue ou le report du procès. En attendant, un rassemblement s’est formé devant le tribunal de première instance de Tunis, où plusieurs avocats et citoyens sont venus exprimer leur soutien. L’arrestation de Dahmani en mai dernier par des agents cagoulés avait provoqué une vive indignation au sein de la profession. Elle est poursuivie pour des propos ironiques sur la situation politique du pays.
Arrêtée en mai devant les caméras de France 24, Dahmani risque jusqu’à cinq ans de prison en vertu d’un décret de 2022 censé lutter contre les « fausses nouvelles ».
Cette législation, largement critiquée par des organisations de défense des droits de l’Homme, est perçue comme un outil pour réprimer les voix dissidentes.
La mobilisation autour de son cas est forte. Son arrestation a déclenché une grève des avocats et amplifié les critiques contre les atteintes à la liberté d’expression en Tunisie. Le décret de 2022 est régulièrement dénoncé par les ONG comme une arme pour réduire au silence ceux qui osent critiquer les autorités.
« Nous sommes remplis de peur, mais nous gardons un petit espoir. », a confié Mehdi Dahmani, frère de l’avocate.
Sa sœur Ramla, malgré un sourire affiché, ne parvient pas à dissimuler son inquiétude après une longue attente de plus de 10 heures dans les couloirs du tribunal, pour finalement voir l’audience suspendue.
Sonia Dahmani passe une nouvelle nuit en prison, où elle a déjà été victime de mauvais traitements, selon sa sœur cadette. « Elle a subi une fouille humiliante, forcée de se mettre à quatre pattes dans différentes positions. Cela ne devrait pas se produire dans un État de droit », s’indigne-t-elle.
Le lundi 9 septembre, Dahmani a reçu le soutien de quinze avocats français venus à Tunis pour assister à son procès.
Le cas de Dahmani n’est pas isolé. Ces derniers mois, des dizaines de personnes ont été arrêtées en Tunisie pour avoir exprimé des opinions sur la situation politique du pays.