Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères était au Tchad. Ndjamena entend renforcer ses liens avec Moscou. Une visite qui augure un basculement géopolitique pour le Tchad, longtemps considéré comme le dernier bastion de la France en Afrique centrale.
Après avoir prêté serment comme nouveau président du Tchad, Mahamat Idriss Déby annonce déjà de nouvelles couleurs. En visite en Afrique le ministre des affaires étrangères de la fédération russe a achevé sa visite mercredi au Tchad. Pour certains tchadiens, cette visite est une opportunité de rompre avec la dépendance historique envers l’Occident et de tracer une voie plus autonome.
Concrètement la visite de Sergueï Lavrov est venue mettre en avant l’importance des enjeux économiques. Le Tchad, riche en ressources naturelles (pétrole, uranium, or), est en quête d’investissements étrangers pour développer son économie et améliorer les conditions de vie de sa population. Tandis que la Russie est en quête d’alliés pour s’implanter durablement en Afrique. Le rapprochement entre les deux pays pourrait donc ouvrir la voie aux accords de coopération économique et commerciale dans les secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures et l’agriculture.
Au-delà de la coopération économique, les questions sécuritaires pourraient être centrales dans la relation entre le Tchad et la Russie. N’Djamena, engagé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel a besoin de Moscou pour diversifier ses partenariats militaires et obtenir un soutien accru face aux groupes armés. « La Russie, forte de son expérience en Syrie et en République centrafricaine, se présente comme une alternative crédible à la France, dont l’engagement au Sahel est de plus en plus contesté ».
Cependant, ce rapprochement avec Moscou pourrait faire face à certains obstacles, notamment Paris et Washington qui verraient d’un mauvais œil cette proximité. Paris qui a récemment redéployé ses forces au Niger, ne permettra pas que Moscou accroisse son influence dans son ancien pré-carré. Les États-Unis qui sont en conflit avec la Russie sur la scène et qui ont été récemment déloger du Tchad et du Niger, pourraient également chercher à contrer l’influence russe au Tchad. Mais au sein du gouvernement tchadien, on a déjà la réponse. « Nous ne sommes esclaves de personnes. Ni de la France, ni de la Russie, ni d’aucune puissance », a martelé Abderaman Koulamallah, Ministre tchadien des affaires étrangères. « Notre relation avec le Tchad ne va pas influencer le rapport du Tchad avec la France. Nous ne choisissons pas nos amis et nos ennemis, c’est la France qui demande aux autres de choisir leurs amis et leurs ennemis », ajoute Sergueï Lavrov.
Au sein de la jeunesse tchadienne, on appelle de tous les vœux à un partenariat gagnant gagnant avec la Russie. Quoiqu’il en soit les futures coopérations du Tchad sont décisives pour la sécurité au sein de la sous-région.
Essama Aloubou