Human Rights Watch (HRW) tire la sonnette d’alarme face à l’augmentation des attaques contre des civils perpétrées par des groupes armés islamistes au Burkina Faso. L’organisation a rapporté que ces groupes ont massacré des villageois, des déplacés et des fidèles chrétiens, violant le droit international humanitaire.
HRW affirme qu’au moins 128 civils ont été tués depuis février 2024 à travers le pays dans des attaques qualifiées de crimes de guerre. Les principaux groupes islamistes, liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, contrôlent de vastes zones et affrontent les forces burkinabè depuis 2016.
« La violence islamiste au Burkina Faso atteint des niveaux alarmants. Les massacres de civils sont des crimes de guerre et un affront à la dignité humaine », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à HRW. Elle appelle les chefs des groupes armés à cesser immédiatement ces violences.
Entre mai et juillet, HRW a interrogé 37 personnes, dont 31 témoins directs. L’organisation a contacté les autorités burkinabè, partageant ses conclusions, et a reçu une réponse du ministre de la Justice le 28 août.
La plus récente attaque, fin août, a causé la mort d’au moins 100 villageois et soldats dans le centre du pays, lors d’un assaut par des djihadistes liés à Al-Qaïda.
Près de la moitié du territoire burkinabè échappe au contrôle de l’État, et les djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ont tué des milliers de personnes et déplacé plus de deux millions. Ces violences ont contribué à deux coups d’État en 2022, mais la junte militaire peine à rétablir l’ordre, malgré des partenariats de sécurité avec la Russie et d’autres régimes militaires de la région.
Selon le projet ACLED, environ 4 500 personnes ont été tuées cette année, soit une moyenne de 19 morts par jour.
Le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête de la junte, a appelé les civils à soutenir l’armée, notamment à travers les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Des tranchées sont creusées dans certaines communes pour contrer les djihadistes, qui profitent du manque de couverture aérienne et des zones frontalières mal sécurisées avec le Mali et le Niger.
Enfin, HRW a souligné que les exactions commises par les forces de sécurité burkinabè et les VDP poussent de plus en plus de personnes à rejoindre les groupes djihadistes.