Dans une communication officielle publiée ce 6 février, le ministre de la Communication a tenté en vain d’apporter les éclairages sur le récent ajustement des prix de certains produits pétroliers, une sortie qui ne convainc pas les populations.
Selon le gouvernement, le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe intervenu il y a quelques jours, participe de la volonté du Gouvernement à réduire la subvention de l’Etat aux produits pétroliers.
René Emmanuel Sadi a notamment expliqué que cet ajustement relève tout d’abord de la tendance inflationniste observée sur le marché mondial, avec les répercussions de la guerre russe ukrainienne. Sur le « plan macro-économique, il y a lieu de relever que les économies substantielles réalisées grâce à la diminution, voire la suppression à terme des subventions sur les produits pétroliers, permettront de réorienter ces économies, vers des secteurs plus porteurs et ayant un impact réel sur la vie de nos concitoyens ».
Au sein de l’opinion, ces explications ne passent pas. L’économiste Louis Marie Kakdeu a rejeté ces explications : « au moment où j’écris cet article, le prix du baril du pétrole est de 77 dollars américains, une tendance générale plutôt à la baisse depuis longtemps. Depuis plus d’un an, le prix n’a pas atteint 100 dollars. Je vous épargne des calculs mais, si l’on considère qu’un baril est équivalent à 159 litres, alors le prix du litre sur le marché international serait de 290 FCFA ce jour. La structure officielle des prix montre que le carburant est cher au Cameroun pour deux raisons : d’abord, le choix du régime en place de traiter avec des traders qui font dans la spéculation. Ensuite, le choix du gouvernement de procéder à la sur taxation du carburant. Il existe environ 26 taxes et autres charges ajoutées sur le litre du carburant ».
Les enseignants du secondaire ont mis l’État en garde. « Les coûts de déplacements (transports urbains et interurbains) en plus des prix des biens de consommation sur le marché va impacter durement les enseignants qui ne disposent d’aucune prime ni facilité de transport d’une part, et qui subissent depuis des décennies une inadmissible discrimination salariale d’autre part. C’est une entaille de plus sur le statut depuis longtemps précaire de l’enseignant, au moment même où l’État oppose une fin de recevoir à toute discussion d’un statut spécial pour ces derniers, à toute possibilité de réforme du secteur de l’éducation. Les enseignants camerounais et leurs syndicats ne se laisseront pas faire. Les enseignants informent d’ores et déjà ses membres, militants et sympathisants de se tenir prêts, dans la perspective du refus persistant du gouvernement de négocier pour leur corporation un statut spécial et pour l’éducation une réforme consensuelle, à se battre pour défendre le peu de dignité qui leur reste. Les enseignants camerounais et leurs syndicats ne se laisseront pas faire. Le SNAES informe d’ores et déjà ses membres, militants et sympathisants de se tenir prêts, dans la perspective du refus persistant du gouvernement de négocier pour leur corporation un statut spécial et pour l’éducation une réforme consensuelle, à se battre pour défendre le peu de dignité qui leur reste », ont-ils indiqué.