À l’approche de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les regards se tournent vers des figures nouvelles. Parmi elles, Tidjane Thiam, ancien directeur du Crédit Suisse, émerge comme un potentiel candidat pour le PDCI-RDA, suscitant autant d’espoirs que de questionnements.
Les espoirs placés en des technocrates issus du monde financier pour diriger les destinées politiques ne sont pas inédits. Ce schéma, récurrent en Afrique francophone depuis des décennies, présente des réussites remarquables à l’international mais peine souvent à se traduire en succès tangibles pour les populations locales.
L’ascension politique de ces technocrates repose sur leur expérience professionnelle et leurs liens avec les puissances internationales. Cependant, les attentes suscitées se heurtent à la réalité des terrains politiques, où la déconnexion avec les réalités sociologiques et la méconnaissance des populations sont des obstacles majeurs.
L’exemple du Bénin avec Nicéphore Soglo, Yayi Boni et Lionel Zinsou dépeint des parcours similaires. Malgré des débuts prometteurs, leur gouvernance n’a pas toujours répondu aux attentes, laissant parfois un sentiment de déception et de désillusion chez les citoyens.
En Côte d’Ivoire, l’aura de technocrate émérite de l’actuel président, après deux mandats, n’a pas comblé les promesses de prospérité et de bonheur faites à la population. L’arrivée de Tidjane Thiam est perçue comme une alternative crédible, bénéficiant du soutien de l’establishment français et de son lien de parenté avec le premier président ivoirien.
Cependant, la comparaison avec le Messie, déjà venu et unique, invite à la prudence. La sagesse africaine nous rappelle qu’après avoir été mordu par un serpent, il faut se méfier du ver de terre. Les espoirs suscités par la stature et les relations internationales de Tidjane Thiam doivent être tempérés par cette prudence.
Si beaucoup voient en lui un nouveau messie porteur d’espoirs, il est essentiel de considérer les enseignements du passé. Les succès professionnels internationaux ne garantissent pas nécessairement une réussite politique locale, où la compréhension des réalités du pays et la connexion avec les citoyens sont cruciales.
La course à la présidence du PDCI-RDA s’anime, et avec elle, le débat sur l’avenir politique de la Côte d’Ivoire. Toutefois, la véritable épreuve se présentera lorsqu’il faudra discerner entre les promesses et la capacité réelle à transformer ces aspirations en actions concrètes pour le bien-être des Ivoiriens.
Le chemin vers les élections de 2025 s’annonce comme un moment où la vérité sera révélée. Les attentes placées en des figures politiques issues du monde financier se confronteront à la réalité des enjeux locaux et des besoins de la population.
En somme, l’engouement pour Tidjane Thiam appelle à la réflexion et à la prudence, à l’aune des expériences passées et de la nécessité d’une réelle connexion avec les aspirations du peuple ivoirien. La quête du leadership politique idéal doit être guidée par une évaluation lucide des compétences et des actions concrètes à venir.