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Fonte du fer en pays Bassar : Une tradition ancestrale interrompue par manque de filles vierges !

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Le secteur touristique togolais, qui, jadis était l’une des plus prolifiques pour l’économie du pays, l’est de moins en moins de nos jours. La faute, à une mauvaise gestion des sites touristiques qui ont fini par entraîner leur décadence. Les hauts fourneaux de Bassar, qui faisaient partie du fleuron de l’industrie métallurgique du Togo et même de de l’Afrique, se trouvent aujourd’hui dans un état peu enviable, même si certaines personnes essayent, tant bien que mal de maintenir les sites (riche en histoire) en vie.  Nous avons effectué une visite guidée des lieux pour en savoir davantage.

A Bassar, on retrouve au moins deux sites de hauts fourneaux. Mais, en dehors de Bangeli, le plus emblématique reste celui de Nangbani.  Ces hauts fourneaux sont les vestiges historiques du travail du fer dans lequel les populations Bassar se sont spécialisées dans la période précoloniale. Ces hauts fourneaux construits en argile servaient à fondre le minerai pour obtenir le métal fer nécessaire. Aujourd’hui, pour parvenir sur le site de Nangbani, situé à environ 7 km de la ville de Bassar, c’est un parcours de combattant. Le sentier n’est pratiquement impraticable, surtout en saison pluvieuse.

 

Une tradition exigeante…

Nangbani Mpampo, littéralement l’endroit de la fonte du fer, n’a pas été pris comme site par hasard par les aïeux du pays Bassar pour abriter les hauts fourneaux. Selon les guides du site, la terre de ce village est riche en argile qui est la matière pour construire les hauts fourneaux. En plus, « c’est de qualité indiscutable », soutiennent-ils. Ce site ne date pas d’aujourd’hui. Selon les informations, les premières traces de hauts fourneaux, suite à une étude réalisée au Carbonne 14 par Philipe de Barros, remontent à 400 ans avant Jésus Christ.  Il ressort d’ailleurs que les activités de fonte du fer sur ce site se sont arrêtées à partir des années 1940. La faute à l’arrivée de la technologie occidentale. « L’école des blancs est arrivée et les gens ont suivi, ce qui a fait que les aïeux n’ont pas pu transmettre les secrets de la fonte aux jeunes générations qui ont suivies », explique Gbati Sapool, guide et natif du milieu.

Mais, l’histoire renseigne que la fonte du minerai de fer à Bassar, respectait des rituels précis.  Selon les explications fournies par le guide sur place, il ressort que l’accès au site n’était pas réservé à n’importe qui. Ce sont les jeunes filles vierges qui étaient autorisées à faire venir le fer sur les lieux de la fonte pendant que les jeunes garçons sont en train de le concasser ou encore les vielles femmes ménopausées

« Le travail se faisait en équipe et chaque équipe avant de venir sur le site, doit être campée une semaine avant pour éviter les impuretés. Il y avait beaucoup d’interdits. Tu ne pouvais pas te permettre de faire l’amour à la veille et venir travailler. C’était impossible », raconte le guide.

La fonte elle-même du minerai de fer requiert une certaine ingéniosité. Une foi le minerai est acheminé sur le site de la fonte, on recherche du charbon et le bois vert d’un arbre spécial qu’on appelle languier qu’on utilise dans le fourneau.

Le processus se décline en plusieurs étapes. On étale d’abord du sable fin en bas du fourneau, tout en continuant de le charger par la porte en haut en versant du charbon. Le nombre de paniers de charbon à utiliser doit être proportionnel à celui du minerai à fondre en plus du bois de languier qu’on coupe selon le diamètre du fourneau et on les étale dedans. Ensuite, et on introduit le feu après avoir fait trois couche. Entre temps, on bouche les voies d’aération du fourneau avant de mettre le minerai qui se retrouve au milieu du dispositif. Ainsi le processus peut durer 3 à 4 jours selon le niveau du fer à fondre.

 

« Il y a une équipe qui reste sur place pour surveiller les choses. Parmi elle, il y a un spécialiste de la fonte qui est muni d’une barre de fer qu’il plonge à travers les voies d’aération pour vérifier l’évolution de la fonte. Si le processus est avancé, le liquide qui entoure le fer donne ainsi des indications, pour vérifier s’il y a un souci ou pas Si la fonte est totale, c’est la nature de la fumée qui se dégage du haut du fourneau qui va témoigner. Il y a aussi un bruit qui jaillit du haut du fourneau », raconte le guide.

Une fois que ceux qu’on s’est assuré que la fonte est parfaite, on laisse refroidir.  Ainsi, le produit fini à qui est à l’intérieur, qu’on appelle la loupe de fer, on le fait ressortir il se dépose sur le sable fin sous forme de pâte. Cette pâte contient encore des déchets, on le concasse pour les  extraire.

La fin d’une belle épopée

L’utilisation des hauts fourneaux de Bassar a fait son temps. Seulement, la conservation de cette méthode traditionnelle pour produire le fer, qui servait à la fabrication des armes blanches comme les flèches, les lances ou encore les sagaies sans oublier et les outils oratoires, etc, n’a pas été possible pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, avec les indépendances, les colons sont arrivés à imposer leurs méthodes occidentalisées avec l’implantation des industries et autres. « Ce facteur a beaucoup joué », affirme un sage du milieu. Mais, l’aspect des rites traditionnels n’est pas à ignorer. Il devenait de plus en plus rare de trouver des jeunes filles vierges et valide à une certaine période.

Cette situation constitue sans doute une perte énorme pour cette région du Togo, dont les populations vivent majoritairement de l’agriculture. Elle est réputée pour ses ignames. Aussi c’est la fin d’une belle épopée pour l’industrie sidérurgique togolais.  Les hauts fourneaux en pays Bassar représentait le second centre métallurgique répertorié en Afrique. L’étendue des tas de scories, (80 000 m²) les places devant Meroé au Soudan (pourtant connus de par le monde). Le seul site qui fait mieux sont les sites métallurgiques de Bubungo au nord-ouest du Cameroun. Les ruines des hauts fourneaux du pays Bassar représentent donc un patrimoine historique inestimable pour notre pays. Mais, le site se meurt, faute d’entretien et de suivi !

Les populations en sont vraiment conscients. « C’est un véritable manque à gagner pour le milieu. Nous avons une telle mine que nous n’exploitons pas. Si l’Etat parvenais à reprendre les choses en main, on peut créer bien évidemment de l’emploie aux jeunes du milieu qui se cherchent et n’ont que le Taxi moto comme dernier rempart contre un chômage qui ne dit pas son nom », souhaite un citoyen.

IMG_0074 Capture 1 Capture 2 IMG_0069 IMG_0068 Déchets de fer Un touriste Blanc sur le chemin du site de Nangbani Le Guide Gbati Sapool IMG_0117 

 

 




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