Le Ghana a officiellement lancé, le 19 août 2024, un ambitieux projet de complexe pétrolier de 60 milliards de dollars, destiné à renforcer l’indépendance énergétique du pays. Ce complexe, qui pourrait devenir la plus grande raffinerie de pétrole du continent, suscite toutefois de nombreuses contestations.
Le projet, mené par la Petroleum Hub Development Corporation, vise à raffiner jusqu’à 900 000 barils de pétrole par jour, plaçant le Ghana parmi les leaders africains dans ce domaine. D’ici 2036, le complexe devrait abriter trois raffineries, cinq usines pétrochimiques, des infrastructures de stockage pouvant contenir 10 millions de mètres cubes, ainsi que de nouvelles installations portuaires. Le centre sera implanté dans le sud du pays, à la frontière avec la Côte d’Ivoire.
Les autorités ghanéennes anticipent des retombées économiques significatives, avec une augmentation de 70 % du PIB et la création de près de 800 000 emplois directs et indirects. Cette initiative est particulièrement cruciale pour un pays qui dépend actuellement des importations de produits pétroliers raffinés, en raison de l’arrêt de sa seule raffinerie publique à Tema depuis 2021.
Le projet se déroulera en trois phases sur une période de 12 ans, chaque phase marquant l’achèvement d’une nouvelle raffinerie. La première phase, d’un coût de 12 milliards de dollars, a été officiellement lancée ce lundi et débutera en septembre avec le défrichement du terrain et l’installation des canalisations.
Cependant, le projet est déjà contesté par des membres de la communauté Nzemma, où le mégacentre s’étendra sur 8 000 hectares. Ils dénoncent un manque de transparence dans les expropriations, accusant le président d’avoir signé l’accord uniquement avec le chef traditionnel local, sans consulter les propriétaires des terrains. Ces derniers craignent la destruction de vastes plantations de cocotiers sans compensation adéquate.
Par ailleurs, des doutes subsistent quant à la viabilité économique du projet. Certaines personnalités ghanéennes estiment que l’accord pour la première phase, signé en juin, manque d’investisseurs disposant de fonds suffisants pour assurer sa réalisation.