Human Rights Watch a tenu ce mardi 2024 pour responsable l’armée tchadienne de la mort de plusieurs détenus arrêtés après les manifestations d’octobre 2022. Au moins quatre personnes sont décédées en route vers la prison de Koro Toro et six autres à l’intérieur de celle-ci, avec d’autres décès suspectés mais non confirmés.
Ces manifestations, contre la prolongation de deux ans du pouvoir du dirigeant intérimaire Mahamat Deby Itno, avaient été violemment réprimées par les forces de sécurité, entraînant la mort d’au moins 60 personnes. Des centaines de manifestants avaient été arrêtés et transférés à Koro Toro, à environ 600 kilomètres de la capitale, N’Djamena.
Human Rights Watch a exhorté les autorités tchadiennes, l’Union africaine et les Nations Unies à enquêter sur ces détentions illégales et les abus subis par les détenus. Lewis Mudge, directeur de la division Afrique centrale de l’organisation, a appelé le gouvernement tchadien à mettre fin à l’impunité pour ces violations.
Les détenus auraient été maltraités et privés de produits de première nécessité pendant leur transfert de deux à trois jours vers la prison, certains mourants en cours de route. Un ancien détenu a rapporté que les corps des personnes décédées étaient jetés hors des camions.
La gestion quotidienne de la prison de Koro Toro, surveillée par l’armée, aurait été confiée à des prisonniers liés à Boko Haram, qui auraient infligé des punitions et des sévices aux autres détenus. Des centaines de détenus auraient été enchaînés pendant plusieurs semaines et soumis à l’isolement prolongé et au travail forcé.
Human Rights Watch a demandé la fermeture de l’un des principaux bâtiments de Koro Toro et la restitution des dépouilles des victimes à leurs familles. Le gouvernement tchadien, qui qualifie les manifestations de 2022 d’insurrection, a nié toute violation des droits humains à Koro Toro. Larry Ahmat Haroun, un militant tchadien emprisonné après les élections et libéré en juin, a décrit Koro Toro comme l’une des prisons les plus dangereuses du Tchad, avec des prisonniers blessés par balles sans soins et des actes de torture.