Le Nigérian Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature 1986, a publié son nouveau roman depuis 2021. Ce roman sous le titre révélateur : Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde, vient d’être traduit en français. Ce livre raconte la corruption des élites dans une Afrique cherchant ses repères.
Selon Christiane Fioupou, spécialiste de Soyinka, ce roman est une satire politique décapante, avec des personnages haut en couleur, inspiré par les dérives de la société nigériane. Il raconte la corruption des élites dans une Afrique cherchant ses repères.
La specialiste explique qu’il est difficile de résumer ce roman tant il est dense et multithématique… C’est une histoire qui commence par la présentation de certains personnages en action, dont l’un, plus grand que nature, s’appelle Papa Davina. Cet homme qui entre en scène dès les premières pages du livre est un charlatan. Il a fondé une secte nouvelle qui se veut œcuménique et qui compte parmi ses sympathisants le Premier ministre en personne. Le récit revient aussi sur l’histoire du Nigeria post-colonial, qui se targue d’être « la nation la plus heureuse du monde » alors qu’elle n’est que la nation « la plus extraordinairement corrompue au monde ». Au milieu de tout ça, émerge le magnifique portrait d’un chirurgien qui vit dans la ville de Jos où il est censé réparer les hommes et femmes mutilés dans des explosions dans le Nord par Boko Haram.
Ces différents fils sont reliés par le scandale de la revente des parties humaines pour en faire des amulettes et autres supports de rituels macabres. Il s’agit d’un véritable business. Tout l’enjeu de l’histoire consiste à découvrir le code secret pour parvenir à pénétrer au cœur de ce cartel immonde de vendeurs d’organes humains, afin de pouvoir le démanteler.
Dans son roman, Soyinka est atterré par les dévoiements du pouvoir à tous les niveaux, la corruption politique, les religions se déchirant entre sectes et animées par le goût du gain. Son oeuvre donne à voir avec une certaine gravité la « danse macabre » de l’humanité, les horreurs du monde. Sa narration n’est pas que grave. Il y a aussi une légèreté, une énergie, un rire « cathartiques ».
Wole Soyinka est connu comme dramaturge et poète. Après Les Interprètes (1965) et Une saison d’anomie (1973), il a publié en 2021 son troisième roman Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde.
Essama Aloubou