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Libye : Un an après la catastrophe de Derna, la controverse persiste

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Il y a un an, dans la nuit du 10 au 11 septembre 2023, des inondations dévastatrices et la rupture de deux barrages ont ravagé la ville de Derna, située à l’est de la Libye. Des milliers de résidents ont disparu, plus de 40 000 personnes ont été déplacées selon l’ONU, et de nombreuses maisons ont été détruites ou endommagées. L’ampleur des destructions et du bilan humain reste floue.

Cette catastrophe a révélé la vétusté des infrastructures et l’ampleur de la corruption dans un pays riche en pétrole.

Un an après, l’enquête judiciaire avance lentement. Le budget alloué à l’entretien des barrages a été détourné, mais le procureur général libyen n’a pas remonté la chaîne de responsabilité au-delà du maire de Derna. Douze fonctionnaires, y compris ceux de la mairie, de la gestion de l’eau et des barrages, ainsi que de la banque centrale, ont été condamnés à des peines de prison allant de 9 à 27 ans depuis janvier.

Le bilan des victimes demeure controversé. Les autorités de l’est libyen ont tenté de minimiser les chiffres. Près de 5 000 corps ont été identifiés et enterrés, tandis que 10 000 personnes restent portées disparues. Leurs proches ont fourni leur ADN pour identification. Les experts estiment que le nombre total de morts pourrait varier entre 14 000 et 24 000, incluant des migrants et réfugiés politiques.

En mars 2024, Amnesty International a critiqué la gestion de la crise par les autorités rivales, soulignant leur recours à des « tactiques brutales » pour réprimer la contestation et limiter les activités de la société civile et de la presse indépendante.

Peu après la catastrophe, le gouvernement de l’est libyen et l’Armée nationale libyenne ont organisé un Forum international à Benghazi pour la reconstruction de Derna, prévu pour novembre. En janvier 2024, le chef du Parlement libyen a annoncé la création d’un Fonds de développement et de reconstruction, remplaçant le comité ministériel temporaire. Aguila Saleh, président du Parlement, a alloué 2 milliards d’euros au fonds.

Le fonds a été confié à Belqasim Haftar, l’un des fils du maréchal Khalifa Haftar, non impliqué dans des activités militaires. Doctorant en économie, Belqasim a cherché à promouvoir une image pacifique du clan Haftar, concentrant ses efforts sur des projets économiques et sociaux.

Des experts libyens critiquent le manque de transparence et la gestion opaque du fonds, craignant des abus financiers. La reconstruction de Derna, dirigée par le clan Haftar et soutenue par des entreprises égyptiennes à bas coût, avance rapidement avec des projets de logement, d’écoles et d’infrastructures.

Belqasim Haftar annonce que 70 % des projets sont achevés. La reconstruction se transforme en levier financier et politique pour le clan Haftar, renforçant son pouvoir à la fois économique et militaire. Selon Anas al-Gomati, directeur de Sadeq Institute, le fonds de reconstruction « est un tremplin pour le plan de succession de Haftar ».




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