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Mode/Esther Kamatari: « Je suis fière d’incarner un symbole pour les femmes africaines »

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estherElle a fui son pays, le Burundi, pour devenir le premier mannequin noir de France, puis l’ambassadrice Guerlain. Retour sur le parcours teinté d’élégance de la Princesse Esther Kamatari.

Princesse, exilée politique, candidate aux élections présidentielles du Burundi, premier mannequin noir en France, et désormais ambassadrice de la maison Guerlain, c’est dire si Esther Kamatari, 66 ans, cumule les vies. Des vies conduites par un seul leitmotiv : l’audace. Mot d’ordre qu’elle insuffle à la nouvelle génération.

« Mon rôle est de mettre toute cette énergie, cette fierté et ces codes, malgré l’héritage lié à mon ascendance, au service de le jeunesse ». Raison pour laquelle, la princesse Kamatari intervient dans les banlieues françaises pour donner des cours d’élégance, mais surtout transmettre les codes dont elle a naturellement hérité pour accéder à l’excellence. Le message qu’elle a envie de transmettre à la jeunesse : « oser, être fier et sûr de soi et avoir cette capacité à surmonter les difficultés ». Et la princesse sait de quoi elle parle.

Une femme audacieuse

Quand elle débarque à Paris six ans après l’assassinat de son père, le prince Ignace Kamatari, « le 23 août 1970 » se souvient-elle précisément, elle ne passe pas inaperçue. « Je n’avais jamais vu autant de Blancs à la fois », avoue-telle. Mais l’intégration est le cadet de ses soucis. Elle a 19 ans, elle est « seule, sans famille, sans argent », et il lui faut « vivre ».

Difficile d’imaginer la Princesse, celle qui aime rappeler qu’elle « sor[t] d’un palais », dans de telles conditions. « S’il n’y avait pas eu la chute de la monarchie, évidemment qu’aujourd’hui je continuerais à mener la vie de princesse telle qu’on l’imagine, mais en même temps je la vis ! », affirme-t-elle non sans ironie.

Port de tête altier, silhouette longiligne et gracile, code couleur vestimentaire raccord avec la coloration blanche de ses cheveux crépus coupés courts, pour la princesse, l’élégance est marquée au fer rouge dans son ADN. « Quand j’étais petite, il suffisait que ma mère arrive dans la pièce où je me trouvais pour que je me tienne droite » !

Une attitude qui la prédestinait au mannequinat.

« En tant que femme noire, je ne savais pas du tout ce que signifiait être mannequin », reconnaît-elle. Dans les années 70, seuls des modèles blonds aux yeux bleus figuraient dans les pages des magazines ». C’est la faim qui lui fait prendre le téléphone pour démarcher. Mais aussi la soif de réussite et de prouver qu’une femme noire pouvait avoir toute sa place dans cette industrie. Idem lorsqu’elle se présente aux élections présidentielles du Burundi en 2005 : « Je souhaitais tout simplement montrer qu’une femme était capable de le faire, même si c’était joué d’avance ».

Le premier mannequin noir en France

Elle n’a qu’une petite vingtaine d’années quand elle obtient un premier casting et se porte volontaire pour essayer une ceinture pour un créateur parisien. Son assurance retient l’attention. Elle est prise d’emblée. « C’est un métier où il faut avoir de l’audace », répète à l’envi celle qui a fait de Rosa Parks son icône : « elle a osé dire non » !Puis tout s’enchaîne : Esther Kamatari travaille pour Anne-Marie Beretta, pour la maison Léonard, « qui à la base ne collabore pas avec les mannequins noirs », précise l’ancien modèle. Puis elle devient mannequin-cabine pour Lanvin. Et finit par clôturer l’un des défilés du créateur dans la sacro-sainte robe de mariée.

La princesse Kamatari rentre alors dans l’histoire en devenant le premier mannequin noir à défiler pour une maison de haute couture. « C’était extrêmement émouvant », se souvient-elle.

A l’heure où la diversité sur les podiums peine encore à être représentée, la Burundaise est « consciente et fière d’incarner un symbole pour la nouvelle génération de femmes africaines ».

L’ambassadrice Guerlain

Premier mannequin noir en France : la princesse ne se rendra compte que bien plus tard de la portée politique de ce statut. Aujourd’hui, elle sait à quel point les femmes africaines ont besoin de modèles auxquelles s’identifier.

Raison pour laquelle elle a accepté de devenir l’ambassadrice Guerlain depuis 2015, maison avec laquelle elle a développé une gamme de fonds de teint adaptés aux carnations foncées, baptisée « Lingerie de peau », pour montrer aux femmes africaines « qu’elles aussi, elles ont droit au beau ». Un partenariat qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté noire.Flashback, le 15 octobre 2010, Jean-Paul Guerlain fait la promotion de son nouveau parfum Samsara et lance alors dans une interview accordée au journal de France 2 : « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… ». Des propos reconnus racistes par le tribunal correctionnel de Paris qui condamnera le parfumeur français à 6000 euros d’amende.

Face à cela, la princesse, fervente défenseure de l’africanité – elle est contre la dépigmentation et pour le cheveu naturel – est sans appel.

« Ce Monsieur Guerlain a parlé en son propre nom. A l’époque de ces propos, la maison Guerlain avait déjà été rachetée par le Groupe LVMH et n’était plus rattachée à son fondateur ». La princesse affirme qu’en faisant appel à elle pour représenter la marque, Guerlain n’a pas tenté de se racheter une conduite. Parce qu’avec son « teint ébène et [son] parcours, le label ne pouvait pas trouver meilleur porte-parole qu’[elle] pour s’adresser « aux beautés africaines ».

Source:www.intothechic.com




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