L’éternel rival de Paul Biya est décédé dans la nuit de lundi à mardi dernier des suites de maladie à l’âge de 81 ans. Figure de proue de l’opposition camerounaise, les hommages se sont multipliés après l’annonce du décès du président du Social Democratic Front (SDF), Ni John Fru Ndi.
Ni John Fru Ndi, le Chairman du SDF, est décédé à l’âge de 81 ans des suites de maladie. A l’annonce de son décès, des hommages mérités lui ont été rendus. « Je choisis de garder de cet illustre, le souvenir d’un leader qui crut en le Cameroun et en les vertus du « Power to the people » comme clef de voûte d’un véritable État de droit. Mon intime conviction est que si le Chairman (John Fru Ndi) et ses compagnons de lutte, ces têtes bien faites, droits dans leurs bottes avaient accédé à la magistrature suprême de notre pays en 1992, pour sûr, le visage du Cameroun aurait radicalement changé, dans le bon sens. Pour sûr la guerre ambazonienne n’aurait jamais vu le jour. Pour sûr l’on ne ferait pas face à ce tribalisme rampant, véritable poison déjà palpable en son temps et exacerbé aujourd’hui par la hargne de confiscation du pouvoir d’un côté et de l’autre, le désarroi d’un peuple exténué du dictat des mêmes mousquetaires, avec les mêmes têtes, les mêmes tares et avatars qui nous font tourner en rond, depuis 40 ans », a déclaré Alice Sadio, ancienne militante du SDF et présidente de l’Alliance des Forces Patriotiques (AFP).
L’avocat Akere Muna connaissait le « chairman » du Social Democratic Front (SDF) depuis une soixantaine d’années. En 1990, avec son frère Bernard Muna, Akere Muna a participé à Bamenda, à la rédaction des statuts du SDF. « Ce qu’il faudrait relever dans le contexte actuel aujourd’hui, quand on nous parle d’anglophones, francophones, quand vous voyez le score de Fru Ndi en 1992 lors des présidentielles, c’est qu’il a eu plus de 30% pour un pays qui avait 20% d’anglophones, souligne-t-il. Donc le pays, de façon assez extraordinaire, a voté pour un anglophone, unilingue ».
Akere Muna poursuit : « C’était quelqu’un avec un charisme extraordinaire. Quelqu’un de simple, l’homme du peuple, il pouvait comprendre où sont les routes, les mauvaises routes, où vivent les gens. L’histoire du Cameroun ne peut pas s’écrire sans son nom, comme quelqu’un qui a activement fait redémarrer le multipartisme. »
Pour l’opposant Maurice Kamto, déclaré second à la dernière présidentielle de 2018, « les souvenirs se bousculent » dans la tête face à la disparition d’un homme qu’il qualifie d’« atypique, courageux et charismatique » qui a marqué d’une empreinte indélébile la lutte politique pour la liberté et la démocratie. Pour le président du MRC, John Fru Ndi a su « lever une espérance folle chez le peuple camerounais en particulier dans les années 1990, et a contribué de manière décisive au retour du multipartisme au Cameroun ».
« Dieu seul sait à quel point le contexte de son combat était extraordinairement difficile. (…) Merci pour le terrain préparé », écrit pour sa part sur Twitter Cabral Libii, président du parti PCRN, proclamé troisième à la dernière présidentielle (2018).
Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Secrétaire général adjoint du Comité central du RDPC, le parti du président Paul Biya, majoritaire au pouvoir, a également salué la mémoire du défunt: « Au-delà de nos oppositions politiques, il aura été un grand patriote et un homme très pacifique qui aura contribué, à sa manière, à la construction de notre jeune démocratie. Je voudrais vraiment lui rendre hommage parce qu’il a toujours été contre la violence et il a cru à la force des arguments beaucoup plus qu’aux arguments de la force pour accéder au pouvoir. »
Essama Aloubou