Au Tchad, le président Mahamat Idriss Déby, remplace un « Idriss » par un autre « Idriss ». Prenant tout le monde de court, ce dernier annonce la nomination d’un nouveau directeur de cabinet civil. La mise à l’écart de Idriss Youssouf Boy, ce fidèle du président, alimente donc les spéculations.
Ainsi, Idriss Saleh Bachar, l’actuel ministre de l’Environnement, qui prend actuellement à New York, aux travaux de l’assemblée générale de l’ONU, succède à Idriss Youssouf Boy.
Selon le décret présidentiel, consulté par nos confrères de RFI, Idriss Youssouf Boy est appelé « à d’autres fonctions » qui ne sont pas précisées.
Celui-ci est considéré comme l’homme de confiance et véritable bras droit du président. Mais il ne manque pas d’adversaires et de critiques à Ndjamena.
Alors simple remaniement ou sanction pour celui qui était bien plus qu’un directeur de cabinet ?
Cousin, ami, envoyé personnel de Mahamat Idriss Déby, il avait la charge de réseaux et d’affaires sensibles.
Il y a un an, la publication spécialisée Africa intelligence le décrivait ainsi « au cœur de complexes et lucratifs circuits de financements de matériel militaire » en lien notamment avec les Émirats arabes unis, dont on le dit très proche.
Sa loyauté envers le chef de l’État est telle que ses adversaires le surnomme « Makambo », en référence au garde du corps de Moussa Dadis Camara, tué lors de la tentative d’assassinat du putschiste guinéen en décembre 2009.
Idriss Youssouf Boy fut le secrétaire particulier de Déby fils d’avril 2021 à juin 2022. Il avait alors été écarté car mis en cause pour des détournements au sein de la société des hydrocarbures (SHT).
Dans son livre « De bédouin à président », Mahamat Idriss Déby affirme l’avoir contraint à rembourser 13 milliards de francs CFA, près de 20 millions d’euros, et menacé de punition en cas de récidive.
Il l’avait rappelé à ses côtés en janvier 2023.
Son remplaçant a une image beaucoup plus policée : docteur en ingénierie, tout juste quadragénaire, Idriss Saleh Bachar a dirigé des agences publiques avant d’intégrer les gouvernements successifs à partir de 2019.