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AIDS 2014 candlelight vigil at Federation Square during the AIDS 2014 conference at the Melbourne Convention Centre in Melbourne on July 22, 2014. Pic by Mal Fairclough

Quand Trump tousse aux Etats-Unis, des milliers de séropositifs sont enrhumés au Kenya

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Le gel pour trois mois de l’aide internationale américaine, dans la foulée de l’investiture de Donald Trump, a mis à mal de nombreux projets dans presque tous les secteurs, en Afrique, notamment dans le domaine de la santé.

Cette suspension brusque, unilatérale et sans préavis de l’aide américaine plonge des milliers de bénéficiaires et de nombreuses ONG dans l’incertitude.

Au Kenya, cette nouvelle frappe particulièrement fort un pays où la lutte contre le VIH reste un défi majeur.

Les Kényans s’inquiètent notamment de leur approvisionnement en médicaments antirétroviraux (ARV), essentiels pour vivre avec le VIH. 

Quelques jours après l’annonce du gel de l’aide américaine, Hellen Anyango a compté ses stocks avec fébrilité.

Début février, il lui restait trois boîtes d’antirétroviraux (ARV), soit une semaine de ce traitement indispensable pour vivre avec le VIH, que cette Kényane a contracté il y a 19 ans.

« Si je ne les prends pas, je ne peux pas aller bien », s’inquiète auprès de l’AFP cette mère de quatre enfants de 43 ans depuis sa modeste maison dans un village du comté de Kisumu, dans l’ouest du Kenya.

Selon des estimations, plus de 11 % de la population de ce comté bordant le lac Victoria est séropositive, contre une moyenne d’environ 3 % à l’échelle nationale.

« Je ne sais pas si nos familles vont nous perdre ni à quoi m’attendre », ajoute-t-elle.

Comme des millions de personnes à travers le monde, Hellen Anyango doit son accès aux onéreux médicaments, qui limitent la multiplication du virus dans l’organisme, grâce à Pepfar, un programme de lutte contre le VIH / sida lancé par George W. Bush en 2003. Au Kenya, ces antirétroviraux sont majoritairement importés d’Inde.

Pepfar a été suspendu fin janvier lorsque d’une simple signature, le nouveau président américain Donald Trump a gelé la plupart des programmes d’aide étrangère pour une durée de 90 jours, une décision qui a mis à l’arrêt de nombreuses cliniques à Kisumu. Et l’avenir du programme reste incertain.

« Quand quelqu’un dit que vous ne pouvez pas obtenir votre médicament et que c’est un médicament vital […], c’est comme un acte de déclaration de guerre », déclare Erick Okioma, responsable d’un programme communautaire d’aide aux personnes séropositives.

Plus de 135 000 personnes vivent avec le VIH dans le comté, une situation que l’homme de 61 ans, qui vit depuis 25 ans avec le virus, explique notamment par le « sex for fish ».

Une pratique répandue au bord du lac, où des femmes ont des relations sexuelles avec des pêcheurs en échange de poisson, qu’elles peuvent ensuite vendre.

Si l’impact de la décision américaine est dur à chiffrer, son effet est déjà « dévastateur », souligne-t-il, pointant notamment la fin brutale de nombreux programmes de soutien, de recherche, de prévention, ainsi que l’arrêt de travail du personnel de santé habilité à gérer la sensibilité de la maladie.

Et ni les annonces de « dispenses », ayant peu après autorisé la reprise temporaire d’activités jugées vitales, ni une décision de justice américaine, ayant bloqué le gel en fin de semaine dernière, n’ont eu d’effet sur le terrain jusqu’ici, indique-t-il.




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