Une décision qui reconnait Libreville comme partie civile dans cette affaire vient d’être prononcée par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris.
Une information judiciaire a été ouverte à Paris depuis 2010, dans le cadre de l’affaire dite des biens mal acquis. Celle-ci vise le luxueux patrimoine immobilier en France de la famille Bongo évalué « à 85 millions d’euros ». Cité dans l’affaire, l’Etat du Gabon qui se dit victime a toujours revendiqué d’être partie civile dans l’affaire. Cette demande a été contestée par l’association anticorruption Transparency International appuyée par le parquet national financier (PNF). Le juge d’instruction avait rendu, le 7 février 2022, une ordonnance par laquelle il refusait le statut de victime à l’Etat du Gabon.
Le juge d’instruction avait estimé dans son ordonnance que la République du Gabon n’avait pas pu prouver de « préjudice en relation directe avec les infractions » et soulignait que cet État « conteste de fait la réalité des infractions dénoncées« .
Après une note des avocats du Gabon, cette décision a été rejetée par la justice française qui reconnaît désormais l’Etat gabonais comme partie civile dans l’enquête.
Une décision « incompréhensible, s’agissant du pays dont les dirigeants père et fils Bongo ont toujours contesté le moindre détournement« , estime Me William Bourdon et Apolline Cagnat, avocats de Transparency International. Les avocats expliquent que dans un autre dossier similaire comme celui de la Guinée-Equatoriale, le statut de victime avait été refusé par la cour d’appel à ce pays. Ce qui, selon eux, est « paradoxal, comme s’il pouvait être envisagé de restituer à un braqueur le produit de son vol« , expliquent-ils.
Le président gabonais Ali Bongo, sa sœur Pascaline Bongo, ainsi que plusieurs membres du clan présidentiel au Gabon sont suspectés d’avoir acquis un patrimoine immobilier estimé à 85 millions d’euros. Ils ont été mis en examen dans ce dossier depuis mars 2022.
Essama Aloubou