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État des lieux du jeu de hasard en Afrique

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L’arrivée d’Internet et des nouvelles technologies de la communication a été, en Afrique plus qu’ailleurs, un facteur de transformation profonde de la société et de l’économie. Elle a été suivie de l’introduction et de la croissance fulgurante de nouveaux marchés ainsi que de nouvelles habitudes. C’est le cas particulièrement du secteur des jeux de hasard. Bien qu’il ne soit légalement interdit que dans 7 pays du continent noir, il n’était cantonné jusqu’aux années 2000 qu’à une petite frange de la population adepte de courses hippiques.

C’est désormais un phénomène dont l’ampleur croît sans cesse, dopé par le développement des smartphones connectés chez les nouvelles générations et les formes très variées de jeux offerts. Face à ce boom économique du secteur, il y a aussi l’évolution des dispositifs légaux, et le coût social.

Le jeu d’argent : la nouvelle mine d’or africaine

Même si l’on ne dispose pas de chiffres précis, il est certain que le marché du jeu de hasard pèse plusieurs milliards de dollars et est en croissance permanente dans toutes les régions de l’Afrique. Au plan mondial, on estime que le marché des jeux de hasard pèse 500 milliards de dollars en 2020, dont 50 milliards sont générés par les paris en ligne.

Dans cette configuration, beaucoup d’acteurs locaux et étrangers investissent et développent le secteur du jeu de hasard en Afrique. Ils sont attirés par l’opportunité d’un terrain « vierge » et des profits importants, là où la régulation a toujours eu du mal à contenir l’activité des opérateurs. L’usage croissant du téléphone mobile, plateforme principale du jeu en Afrique, représente aussi un atout important pour ce marché.

La régulation des jeux : des options très diverses selon les pays

Le jeu de hasard est toujours une activité soumise au régime de licence ainsi qu’à un encadrement règlementaire strict. L’Afrique étant un continent vaste, la législation dépend bien sûr de chaque pays. Dans 7 pays, le jeu de hasard est interdit et puni par la loi. Il s’agit des pays suivants :

  • Libye
  • Mauritanie
  • Soudan
  • Guinée-Bissau
  • Burundi
  • Érythrée
  • Somalie

Même si ce n’est pas un facteur toujours probant, on peut imaginer que l’influence culturelle de l’Islam pèse sur cette décision dans certains de ces pays.

Dans d’autres pays, il s’agit d’interdictions partielles. En République Sud-Africaine par exemple, le pari en ligne est interdit. Des réglementations similaires existent dans les pays suivants :

  • Tunisie
  • Algérie
  • Sénégal
  • Égypte
  • Togo
  • Nigéria
  • République Centrafricaine

La majorité des pays autorisent et encadrent les jeux de hasard, mais ils sont aussi en retard. Ces législations ne prennent pas encore en compte le jeu en ligne. Parmi les rares pays à avoir des réglementations spécifiques à ce sujet, on retrouve :

  • La Namibie
  • La Tanzanie
  • L’Ouganda

La régulation concerne également le régime des licences et les prélèvements fiscaux. En République Sud-Africaine, le gouvernement a l’intention d’augmenter le nombre de licences off-shore, alors que le pays dispose déjà de 38 casinos. Le Kenya fait aussi figure de paradis du jeu, avec 28 casinos, 11 salles de Bingo et un hippodrome.

Panorama du marché des jeux en Afrique

Voici dans les sous-sections ci-dessous un panorama du marché du jeu de hasard sur le continent africain.

Une population de joueurs essentiellement jeunes

En Afrique subsaharienne, 54 % des jeunes ont déjà tenté leur chance aux jeux d’argent. C’est le résultat d’une étude réalisée par Geopoll, un cabinet d’études spécialisé dans le secteur des télécommunications dans les marchés émergents.

Au Nigéria, l’essentiel des joueurs se situe entre 18 et 40 ans. Mais ce ne sont pas les champions dans ce classement des pays avec les plus fortes proportions d’individus s’adonnant aux jeux d’argent parmi les jeunes. Le trio de tête est formé par :

  • Le Kenya, 76 % de jeunes joueurs
  • L’Ouganda, 54 % de jeunes joueurs
  • Le Ghana, 42 % de jeunes joueurs

Le pari en ligne et le pari sportif dominent le marché

En Afrique, les jeux de hasard se jouent en grande partie via Internet, à travers :

  • Les applications mobiles sur smartphones / tablettes
  • Les sites web

Le pari sportif est le principal segment de l’industrie du jeu en Afrique, notamment les paris sur le football, le sport roi. Selon une étude de Geopoll, 79 % des parieurs kenyans misent par exemple sur le foot. Les paris portent beaucoup sur les compétitions européennes de football, notamment la Champions League. La Coupe d’Afrique des Nations, lorsqu’elle a lieu, draine aussi des parieurs. Avec la crise du coronavirus et l’arrêt des compétitions, le segment des paris sportifs a connu une chute vertigineuse. Une partie de son public s’est redirigée vers les casinos en ligne, dont le segment a sensiblement progressé au plus fort de la crise.

Quelques chiffres

D’après l’édition 2019 du Gaming Compliance Report, les pays africains ayant les plus fortes proportions de joueurs et les plus gros volumes de paris sont :

  • Le Nigéria
  • L’Afrique du Sud
  • Le Kenya
  • L’Ouganda
  • Le Ghana

Malgré le fait qu’ils soient pour la plupart des pays à majorité musulmane, les marchés émergents sur ce même plan sont notamment :

  • La République démocratique du Congo
  • Le Sénégal
  • Le Mali
  • Le Maroc

Au Nigéria, géant africain du marché du pari, 60 millions de personnes parient quotidiennement l’équivalent de 5 millions USD, selon une étude du News Agency Nigeria.

Pour l’Afrique du Sud, le rapport du National Gambling Board signale qu’en 2017 déjà, le Revenu Brut du Jeu (Gross Gambling Revenue en anglais), qui mesure le différentiel Volume des paris – Gains distribués, était de 21 milliards de rands, soit 1,619 milliards de dollars.

Au Kenya, le volume annuel des paris est estimé à 2 milliards USD, avec un budget mensuel de 50 USD en moyenne par joueur.

Un coût social certain

Comme cela s’observe dans d’autres pays, le jeu d’argent entraine souvent des dérives. L’Afrique ne fait pas exception. Comme on a pu le constater plus haut, le volume des sommes pariées atteint des montants importants. De plus, le risque d’addiction semble plus élevé, non seulement à cause de l’espoir de gain plus vif et tenace chez les joueurs qui jouent dans l’espoir de changer leur vie sur le plan économique, mais aussi parce les jeunes sont plus exposés à ce risque.

On peut déjà observer des incidents dramatiques qui matérialisent ce danger. En 2016, un étudiant de la Kenyatta University à Nairobi s’est suicidé après avoir perdu un pari sur un match de quart de finale du Championnat d’Europe de Football. Il avait misé l’intégralité de ses frais de scolarité, soit l’équivalent de 800 dollars. Ce cas est emblématique du nombre de jeunes qui se retrouvent englués dans l’addiction au jeu, mettant en péril leur avenir. En 2019, c’est un groupe de 38 jeunes élèves, dont certains du primaire, qui ont été interpellés en train de parier.

Certains mettent sur la balance les emplois créés par l’industrie du jeu, les impôts que les opérateurs doivent payer sur leurs revenus et les gains distribués qui peuvent constituer un apport non négligeable pour les joueurs. Mais il semble indispensable que des mesures de contrôle et de régulation soient prises pour éviter des drames. La Betting Control and Licensing Board, le gendarme du jeu d’argent au Kenya, a déjà pris des mesures, notamment pour limiter la publicité des jeux d’argent.

Prospectives : entre croissance et durcissement des législations

Les perspectives du marché africain sont bonnes et les réglementations vont se durcir et freiner quelque peu cette croissance, mais pour la bonne cause : la lutte contre les problèmes de jeu.

Une croissance tractée par la pénétration du mobile

La tenue prochaine du ICE Africa en octobre est un signe du dynamisme du secteur. Cet évènement majeur de networking pour l’industrie du jeu en est à sa 3e édition africaine. La croissance du secteur sera essentiellement poussée par le mobile. Le segment du jeu via mobile génère près de la moitié des revenus de l’industrie chaque année. Il est surtout animé par les populations jeunes, et, d’ici 10 ans, on estime la population de moins de 35 ans à 400 millions d’Africains.

L’usage des moyens de paiement mobile est aussi très répandu. Ainsi, la possibilité pour les opérateurs de déployer une industrie du jeu d’argent via mobile sur de larges marchés en Afrique sera l’un des moteurs de croissance du secteur. L’un des effets de cette attractivité sera aussi le caractère plus compétitif du marché, avec de nouveaux opérateurs ciblant différents types de joueurs.

Le durcissement des législations face aux dérives

On va également observer un durcissement de la régulation qui va certainement agir comme frein à cette croissance. En mai 2019, face au nombre croissant de mineurs qui avaient accès aux jeux et paris, le ministre des finances sud-africain a enjoint au régulateur de cesser d’octroyer de nouvelles licences. Des mesures restrictives ont aussi été prises concernant la publicité des opérateurs de l’industrie du jeu en Afrique du Sud.

En Ouganda, le président de la République s’est lui aussi engagé à ne pas renouveler ou octroyer de nouvelles licences dans le pays.

Au Kenya c’est l’outil fiscal qui est utilisé. Le président kenyan a instauré une taxe de 35 % sur les gains des jeux de hasard en 2019 – le taux le plus élevé de la région – qui a ensuite été abaissé à 20 %.




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