Au Soudan du Sud, le président s’apprête à signer deux projets de loi visant à établir les structures de la justice transitionnelle. Adoptés la semaine dernière par le Parlement, ces projets prévoient la création d’une Commission pour la vérité et la réconciliation ainsi qu’une autorité chargée des indemnisations et réparations. Ces organes auront pour mission d’examiner les crimes et violations des droits de l’homme survenus durant la guerre civile de 2013 à 2018.
Les accords de paix de 2018 avaient déjà prévu la mise en place de trois organes de justice transitionnelle. La Commission pour la vérité et la réconciliation et l’autorité des indemnisations devaient initialement être établies en 2020, après la formation d’un gouvernement de transition.
« Mieux vaut tard que jamais », a déclaré Oliver Mori, porte-parole du Parlement, en exprimant sa satisfaction. Bien que cette avancée soit significative pour les victimes, de nombreux défis restent à relever.
Les commissions parlementaires doivent encore préciser certains détails, notamment la période couverte par les enquêtes des deux organes. Selon Amnesty International, la guerre civile au Soudan du Sud a causé environ 400 000 victimes en dix ans, avec de nombreux abus signalés, allant des massacres à l’enrôlement d’enfants, en passant par la torture et les violences sexuelles.
Un troisième organe, une cour de justice hybride en partenariat avec l’Union africaine, reste à créer. Aucune avancée n’a été réalisée à ce sujet. Une source proche de l’institution souligne que « sans jugement des crimes, les deux premiers organes risquent de ne pas avoir d’impact ».
Le chemin vers une justice transitionnelle complète semble encore long, car les autorités n’ont pas toujours montré d’intérêt pour sa mise en œuvre, déplore Human Rights Watch (HRW).