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Le « Commonwealth of Nations », un néocolonialisme déguisé ?

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L’héritage que la reine Elizabeth II laisse à son fils s’étend bien au-delà des frontières du Royaume-Uni. En succédant à sa mère, le roi Charles III ne prend pas seulement la tête du Royaume-Uni, mais aussi celle du Commonwealth. Avec la disparation de la reine jusqu’ici symbole de stabilité, que devient cette organisation intergouvernementale composée de 56 États ? Même si son utilité est régulièrement questionnée, le Commonwealth dégage un certain attrait pour des États africains qui veulent se faire une place sur la scène internationale. 

Le Commonwealth, qui à l’origine rassemble d’anciens territoires britanniques, a par la suite ouvert ses portes à des Etats non anglophones jusqu’à représenter un tiers de l’humanité. En tant que membres du « Commonwealth of Nations », les Etats adhèrent tous à la charte du Commonwealth qui énonce une série de « valeurs fondatrices » notamment la démocratie, les droits humains, la non-discrimination, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, etc. Cette charte reconnaît par ailleurs les spécificités des « petits Etats » et des « Etats vulnérables », qu’il convient d’aider, d’assister dans leur développement et de soutenir en cas de danger.

Le Commonwealth, l’autre version de la Françafrique ?

Officiellement constitué en 1949, le Commonwealth est considéré comme un vestige de la colonisation, un gage de bonne entente entre le Royaume-Uni et son ancien empire colonial. S’il avait à sa création une connotation culturelle et diplomatique pour le Royaume-Uni, le Commonwealth est devenu petit à petit une organisation intergouvernementale.

Selon Cécile Perrot, maître de conférences à l’université de Rennes 2, cité par Rfi : « C’est un espace de rencontres, qui permet d’asseoir son influence à l’étranger et qui offre certains débouchés diplomatiques et commerciaux importants ». Obtenir une place au sein du Commonwealth permet d’élargir le champ de la politique étrangère, mais aussi de développer des relations avec le monde anglophone, argumente Cécile Perrot. 

Pour Adrien Rodd, maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Versailles-Saint-Quentin, cité par Rfi, « le Commonwealth est très soucieux de montrer qu’il respecte la souveraineté de tous ses membres pour éviter des accusations de néo-colonialisme, ce qui limite grandement son champ d’action ».

« Les petits pays en développement en retirent beaucoup plus que les pays riches. Ils ont accès à de l’aide concrète, sous forme d’experts et de conseillers envoyés dans leurs pays. Mais ils ont surtout l’occasion de rencontrer d’autres chefs d’État et d’exprimer leurs besoins lors des sommets. Même si son champ d’action est très restreint, le Commonwealth reste un vecteur d’expression des priorités des petits États », analyse Adrien Rodd.

Concernant les critiques du Commonwealth sur son héritage colonial, Cécile Perrot pense que contrairement à la France, les relations du Royaume-Uni avec ses anciennes colonies africaines est marquées par « moins d’hostilité et des ressentiments moins forts ». Pour Adrien Rodd, « il n’y a pas d’équivalent à la “Françafrique” pour le Royaume-Uni ».

Le Commonwealth après la reine Elizabeth II

Même si la monarque a tissé des liens personnels avec les autres dirigeants tout au long de ses 70 ans de règne, Cécile Perrot n’envisage pas le décès de la reine comme la fin du Commonwealth. « Il (le Commonwealth, ndlr) a une assise culturelle et diplomatique trop ancrée pour disparaître », affirme-t-elle. 

Pour Virginie Roiron, maître de conférences à Sciences Po Strasbourg, cité par Rfi : « Maintenant, le Commonwealth, ce n’est pas seulement le monarque britannique. C’est aussi une association de 56 membres, qui sont avant tout intéressés par une coopération économique et des échanges. (…) ».

Prince de Galles pendant soixante-quatre ans, le roi Charles III aura donc la lourde charge de maintenir l’unité du Commonwealth comme l’a fait sa mère, alors que cette organisation qui rassemble 2,3 milliards de personnes est secouée par des divisions internes et des accusations de néocolonialisme.




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