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Togo: ces raisons qui poussent les artistes à fuir le pays

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Ali-Jezz, Sir T, Noelie, All One, Tchess Preza, Senza, Papou, Ami Youyou, Assou et Sèvi, …voilà quelques artistes qui ont marqué la musique togolaise et qui notamment, ont fait vibrer les scènes dans la capitale, Lomé. Mais depuis plusieurs années, ils sont absents sur le territoire. Mais, donnent tout de même de leurs nouvelles depuis l’Europe, l’Amérique ou encore de l’Asie. Et la migration continue !  Qu’est-ce-qui n’a pas marché ? Se demande-t-on.

Nombreux sont ces artistes à avoir abandonné leur chère patrie au profit de l’occident. Dans un article publié par notre confrère Togotopnews, le site d’information révèle les quelques raisons qui pourraient bien obliger les acteurs de la culture togolaise à déserter leur pays. Un article que nous nous faisons le plaisir de reprendre pour vous, nos chers lecteurs.

1- Des conditions de travail non favorables

Musiciens, plasticiens, marionnettistes, bref les acteurs de la culture togolaise quittent tôt le pays, et ceci dès le début de leur carrière pour s’installer  soit en Europe, soit aux Etats Unies d’Amériques (USA). Ils s’envolent pour ne pas être victime des conditions défavorables qui peuvent éteindre leur talent. Selon l’artiste de la chanson togolaise, Nel Pakur, le minimum de condition de vie et de travail n’est toujours pas garanti pour les artistes Togolais. « C’est ce qui les pousse à fuir le pays. Exemple, les plasticiens n’ont pas de galeries pour faire leurs expositions. Les gens sont obligés d’aller exposer au niveau du palais des congrès de Lomé », dit-il.

Pour sa part, Stan Noulolo, agent d’artiste et manager,  fait savoir que les raisons qui poussent les artistes togolais à quitter le pays sont les mêmes que celles qui poussent un jeune togolais à quitter le pays. « C’est la situation socio-économique que nous vivons. L’artiste est appelé à créer. Quand quelqu’un doit créer, il faut qu’il soit dans les meilleures conditions pour donner le meilleur de lui-même, malheureusement c’est dans une précarité, dans une situation défavorable que vivent les artistes au Togo. Et comme l’adage le dit si bien ‘’le ventre affamé n’a point d’oreille’’. En un moment donné la création a un problème parce qu’il y a un tas de lots quotidien de l’artiste. », souligne le promoteur culturel.

De son côté, Kaporal Wisom, artiste slameur togolais, dans un entretien avec Togotopnews, trouve que la majeur partie des artistes ne sont pas nourrit par l’art. « Le seul revenu de l’artiste reste les concerts mais combien de concerts avons-nous par an et combien d’artistes sont sur ces concerts ? Et pour y être,  il faut être l’artiste du moment et cela n’est pas évident que tous les artistes soient à la page au même moment. Il y a des artistes que vous ne verrez jamais sur scène. De quoi vont-ils vivre? », s’interroge-t-il. A part les scènes, poursuit l’artiste, peut être les droits d’auteurs. « Mais à combien cela s’évalue? 6 mois pour avoir environ  20.000 f CFA? Une somme qui ne correspond pas au SMIG. Beaucoup quittent ici parce que l’avenir devient sombre », confie Kaporal Wisdom à Togotopnews.

2-       Absence d’investisseurs culturels au Togo

Du côté de la production, explique Stan Noulolo, les gens n’investissent pas dans la carrière d’un artiste au Togo. « Un artiste est appelé à créer mais après il faut qu’il y ait une structure de culture qui  l’accompagne dans la production de son œuvre. Malheureusement il n’y a pas cela au Togo. Il y a quelques efforts qui se font par certains mécènes qui accompagnent d’une manière ou d’une autre des artistes mais à un moment, ces mécènes-là peuvent-être déçus  par l’artiste qui de par sa situation défavorable n’arrive pas à assurer une continuité dans la création », explique le promoteur culturel.

3-       Moins de consommateurs au niveau national

Un véritable problème se pose au niveau de la diffusion, estime Stan Noulolo, manager. « Ça concerne la consommation de l’œuvre  et la mise  à disposition pour que les gens puissent l’avoir à temps et à vil prix. Mais malheureusement, nous consommons très moins. Nous sommes une population d’environ 7 millions mais pour un artiste qui sort un album, on n’imprime pas plus de 1000 CD. Et c’est difficile d’arriver à vendre la moitié . Les meilleurs ventes se font à la dédicace de l’album, après et surtout aujourd’hui avec le digital, les gens téléchargent et copient », fait-il savoir.  Aussi, ajoute-il, les togolais participent moins aux évènements culturels. « Combien sont-ils, les Togolais qui participent au concert live d’un artiste ? Alors que cela coûte cher surtout les préparations et l’organisation. Heureusement que des centres culturels étrangers à l’Instar de l’Institut Goethe et de l’Institut français subventionnent les spectacles. Dès fois c’est gratuit ou parfois avec une modique somme de 1000 et 2000 FCFA. Mais combien de Togolais sont présents à ces évènements culturels ? Même à 1000F, des gens appellent les intermédiaires des artistes pour bénéficier de la gratuité. Comment veulent-ils qu’il y ait rentrée d’argent dans les poches de l’artiste pour le faire évoluer. C’est tout ce qui contribue à rendre difficile la vie de l’artiste au Togo », confie le manager.

4-       Au Togo, les artistes étrangers sont privilégiés au détriment des nationaux

Les artistes étrangers, invités au Togo pour des prestations sont mieux traités et mieux payés que les locaux. « Comment peut-on continuer à privilégier les artistes étrangers au détriment des nationaux ? Pour encourager les artistes togolais à rester au pays, il faut d’abord les aimer. Il faut les respecter. Il faut qu’y ait un rapport entre les cachets (artistes étrangers et nationaux). Même au niveau de la diffusion (chaînes télé et radio) nous avons le même problème. Les promoteurs culturels doivent aussi encourager les artistes », propose Nel Parkur.

5-       Les artistes « engagés » sont laissés sur le carreau

Les artistes engagés (politiquement) sont mal vus par les autorités du pays. « De la stigmatisation envers certains artistes, sa tête ne me plaît pas, c’est un anti-système. Si Tiken Jah FaKoly était considéré comme cela, serait-il là où il est aujourd’hui ? Nous devons d’abord changer de mentalité dans ce pays. Le gars tape sur le président de la République donc on ne doit pas le laisser passer », raconte Nel Parkur, artiste de la chanson.

6-       Les derniers jours des ainés (artistes) au pays font peur aux jeunes

La plupart des artistes Togolais, entre autres des doyens du théâtre, de la musique, de la comédie ; des artistes peintres et sculpteurs,ont vécu ou vivent leurs derniers jours dans la précarité car n’ayant pas encaissé grande chose durant leur parcours sur le plan national. « Ça fait peur quand on voit nos aînés qui peinent à vivre. On dirait qu’ils survivent difficilement. La dernière fois que j’ai croisé maman Monia Tchangaï, j’ai failli pleurer. Sous d’autres cieux, elle devait être bien. Un artiste qui a fait son temps dont les chansons ont marché ne fera pas un appel de fonds pour suivre une opération d’une somme de 3 millions f CFA », regrette Kaporal Wisdom.

Par ailleurs, selon Kaporal Wisdom, en moins de 10ans 80% de talent à l’état pur ont quitté le Togo pour ne plus revenir.




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