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Cameroun : de nouvelles révélations sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo

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L’ONG de défense des droits des journalistes Reporters Sans Frontières dit avoir collecté des témoignages de plusieurs éléments du commando impliqué dans la mort du journaliste Martinez Zogo, chef de chaine de la radio Amplitude FM.

De nouvelles révélations viennent d’être faites par Reporters Sans Frontières sur les circonstances de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, chef de chaine de la radio Amplitude FM. Selon l’ONG de défense des droits des journalistes, au moins 13 agents de la direction générale du renseignement extérieur (DGRE), service secret camerounais, ont participé à l’opération ayant entraîné la mort du journaliste camerounais Martinez Zogo le 17 janvier dernier.

RSF dit avoir rencontré le patron du présumé commando, le lieutenant-colonel Justin Danwe, directeur des opérations de la DGRE. Selon RSF,  le lieutenant-colonel dit avoir agi sur ordre de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, dit “AB”, pour monter une opération visant à intimider Martinez Zogo.

D’autres membres des services secrets arrêtés ont raconté le déroulement de l’opération. L’un d’eux indique que la filature s’est étalée sur une dizaine de jours. Selon lui, les barbouzes  se relayaient par groupes de sept pour suivre les allers et venues du journaliste 24h/24. Capturé, l’homme de media a été conduit dans une banlieue de Yaoundé, avant d’être ramené à Yaoundé. C’est dans cette banlieue que les actes de tortures ont commencé.

Ramené à Yaoundé, Martinez Zogo a été conduit à l’immeuble Ekang, un bâtiment appartenant à Jean-Pierre Amougou Belinga, propriétaire du groupe de médias L’Anecdote et des chaînes Vision 4 Télévision et Télésud. Les sévices qu’il y a subis ont causé sa mort.   “Au départ, le but n’était pas de le tuer ..À un moment, je suis allé lui chercher de l’eau. À mon retour il avait l’oreille coupée”, raconte l’un des membres du commando présent ce soir-là. Le même commando raconte que Martinez Zogo a été victime d’une barbarie inhumaine. « Coups, mutilations, sévices à caractère sexuel, peau de la plante des pieds arrachée »

Après l’avoir exécuté, une vidéo des actes de torture a été transmise à Amougou Belinga, le donneur d’ordres. Et après deux jours d’atermoiements, le corps du journaliste est emballé dans du papier aluminium et transporté nuitamment, dans un terrain vague, à l’abri des regards, pour tenter de le faire disparaître avec de l’acide. Surprise, un second commando, lui aussi composé de membres de la DGRE, se rend sur les lieux pour mettre fin à cette entreprise de dissimulation. « Surpris, le premier groupe prend la fuite avant d’avoir achevé son forfait. Le second déposera le cadavre du journaliste sur un chemin de terre en faisant en sorte qu’il puisse être retrouvé », affirme RSF qui n’a pas eu l’identité des membres du second commando.

Le 22 janvier, le jour où le corps de Martinez Zogo a été découvert, les éléments du commando vont restituer la Toyota Prado grise louée, qui a servi pour l’opération. Le propriétaire découvre à l’intérieur de sa voiture une veste militaire et des tâches de sang laissées par les occupants.

Reporters Sans Frontières croit, au regard des péripéties de l’affaire, que « l’opération n’était pas de tuer le journaliste ». Son sort a été scellé, selon de Justin Danwe, avec l’ordre donné au téléphone par le garde des Sceaux Laurent Esso, un pilier du régime camerounais, à AB, de “terminer le travail”. 

S‘appuyant sur les témoignages des personnes ayant eu accès au dossier, RSF déplore l’absence d’éléments relatifs à l’exploitation des appels et messages envoyés par l’homme d’affaires.

Chef de chaine de la Radio Amplitude FM, Martinez Zogo avait été enlevé, torturé, puis tué en janvier dernier. Il enquêtait alors sur un dossier de détournement de deniers publics. Un dossier où l’homme d’affaires Amougou Belinga est impliqué.

Essama Aloubou




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