Les Rastas d’Abidjan seraient-ils en danger ? Plusieurs d’entre eux craignent pour leur vie depuis quelques jours. Ils estiment être victimes de brimades et de supplice. Un sujet qui interpelle plusieurs d’entre eux et qui fait réagir Tiken Jah Fakoly, lui-même adepte de rasta.
Les faits ont eu lieu dans la matinée du dimanche 7 Avril dernier. Les résidents du village Rasta de Vridi ont reçu la visite surprise d’un groupe de gendarmes.
« Quand ils sont arrivés, ils nous ont fait savoir que c’est une rafle systématique. Ils ont commencé à nous bastonner. Dehors, dans la cour du village, ils avaient déjà menotté certains de nos amis avant de s’introduire dans nos habitations », raconte Ngouss, porte-parole des victimes de la descente des forces de l’ordre.
« Ils nous ont dit de payer 40.000 Frs. J’avais sur moi 7000 que je leur ai remis. Dès qu’ils sont partis, un autre groupe plus nombreux est arrivé. Certains parmi eux avaient des chiens de chasse. Ils ont donc réussi à nous maîtriser avant de nous embarquer en direction de la Brigade de la Gendarmerie du Port de Treichville. On était plus d’une vingtaine. On a été copieusement battus sans que nous ne sachions réellement notre tort. Mon pote était grièvement blessé à la tête, il saignait abondamment. Leur chef a demandé à ce qu’on lui achète une lame. Ils se sont mis à raser la tête de certains parmi nous. Neuf d’entre nous ont ainsi perdu malheureusement leurs cheveux. Après ils ont commencé à nous malmener, verser de l’eau sur nous. Leur chef a dit : « Ces gens-là, ils nous emmerdent, je ne les aime pas, ils font trop de bruits dans la ville ». « J’avais du mal à comprendre toute cette animosité vis-à-vis de notre communauté », a fustigé le représentant des victimes auprès de Vibe Radio.
L’artiste Tiken Jah Fakoly s’est senti interpellé par ce désagrément.
Après avoir saisi la justice ivoirienne, la communauté Rasta veut aller jusqu’au bout de leur action.
« 10% des Rastas sont brimés sous nos cieux. Nous parlons à notre niveau aujourd’hui de droit humain. Nous entendons même porter l’affaire à l’Unesco, voire Amnesty International », a confié Naftaly, vice Président du FERACI (Fédération Rastafari de CI).
Un constat amère qui appelle à une conscience collective et à une communauté des actions.
Dans son combat, la famille Rasta bénéficie d’un soutien de taille. En l’occurrence, la star mondiale du Reggae : Tiken Jah de Fakoly.
Le reggaeman qui a déjà dénoncé l’acte de barbarie contre la famille Rasta, a réitéré son soutien dans ces moments de doute.
« Soutien total à la communauté Rasta de Côte d’Ivoire. Musulmans, Chrétiens, Animistes, Rastaman, Boudhistes, Juifs… doivent être traités de la même manière dans le pays », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.