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L’ancien Président béninois, Boni Yayi, préoccupé de l’avenir du pays

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Assigné à domicile depuis le 22 juin 2019, l’ancien Président béninois, Boni Yayi, se prononce à travers un message posté sur sa page Facebook sur la situation sociopolitique actuelle de son pays. Cette sortie vient également en réponse à une récente interview accordée par l’actuel président, Patrice Talon, à Jeune Afrique.

« A l’attention du Peuple Béninois

Dans l’interview accordée à Jeune Afrique parue le 9 septembre 2020, le Président Talon fait part de sa vision sur la gouvernance politique, démocratique, économique et sociale des affaires de notre cité commune.

C’est avec beaucoup de respect à notre Peuple que je souhaite faire quelques commentaires sur certains aspects de ses propos pour dissiper tout malentendu ».

Boni Yayi invite son successeur au respect de ses aînés

« Il souhaite que Thomas Boni Yayi et Nicéphore Dieu-Donné Soglo retrouvent leur rang et qu’ils se ressaisissent. Est-ce une menace de plus après tous les déboires contre ces derniers ? A nous de nous ressaisir ? C’est bien lui qui doit se ressaisir et accepter les contradictions constructives et la compétition car nous sommes du côté du Peuple. Le Bénin appartient à nous tous.

Je vous laisse le soin d’apprécier la tonalité de ses propos à l’endroit de ses prédécesseurs dans la fonction, qu’il n’a jamais respectés parce que encombrants pour lui. Quels que soient nos rangs, ne perdons pas de vue les valeurs africaines. Le respect des aînés dans tous les domaines. Mieux, dans les Ecritures saintes, l’épître de Jacques dit, je cite « La langue d’un homme est souvent la cause première de sa propre ruine », fin de citation ».

Boni Yayi revient sur la Bible qu’il a offerte à Patrice Talon

« Mon pays le Bénin m’a formé et confié la plus haute fonction, laquelle a débouché à des responsabilités continentales et internationales. A moi de lui prouver ma fidélité à son attachement à la paix du cœur et à la prospérité partagée. Notre loi fondamentale de 1990 s’impose à moi. Je m’y suis plié sans négliger le principe inscrit au fronton de cette Constitution : « le choix du Peuple pour la Démocratie (et non la pagaille), l’Etat de droit, le respect des Droits de l’homme et des Libertés fondamentales ».

Toujours fidèle à l’avenir radieux de notre Patrie, j’ai eu l’occasion d’offrir, le 6 avril 2016, à mon successeur, la Sainte Écriture pour lui rappeler qu’à ce poste de responsabilité, il faut avoir du cœur, et ne pas s’éloigner de ce livre Saint, car c’est alors qu’il aura du succès et la réussite dans toutes ses entreprises, c’est-à-dire dans la gestion de l’intérêt général au sommet de l’Etat. Mon successeur, Talon, m’a rassuré qu’il rangera la Bible et je lui ai dit de la lire de l’avoir sur son chevet, dans sa voiture et dans son bureau et de la mettre en pratique. J’étais convaincu que mon geste s’assimile aux meilleurs conseils et sagesse qu’il appelle de ses vœux aujourd’hui, au soir de son mandat. La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.

A ce tête-à-tête, prenait part celui qu’il m’a présenté comme son neveu le plus fidèle, c’est à dire M. Bocco Olivier ».

L’ancien Président rappelle ses déboires sous le régime de son ancien ami et soutien

« Après ma brève tournée les 6, 7 et 8 avril 2016, pour remercier les populations (à peine 3 jours). Je suis rentré à Cotonou pour une période de deux ans et demi dans un mutisme total. Ceci n’a pas empêché les persécutions, humiliations de tous genres contre ma personne, sans oublier mes parents et proches et certains collaborateurs obligés de lui faire allégeance, sous peine de se retrouver en prison, à l’appui des dossiers inventés ou à vérifier, stratégie ayant pour objectif de m’isoler des ministres et députés encore dans mon entourage. Le point culminant est ce que vous connaissez en 2019, suite à l’exclusion de l’opposition des Législatives.

Après la médiation de mon aîné, le Président Ouattara, M. Patrice Talon, de retour au pays déclarait dès la descente de son avion, qu’il n’y aura jamais de compromissions avec Yayi Boni.

M. Talon m’accuse de lui avoir retiré le coton et le PVI (programme de vérifications des importations, ndlr), donc de vouloir détruire sa fortune alors que pour moi en matière d’intérêt général, je n’ai pas d’amis ni de parents. Je préfère m’en arrêter là, car vous connaissez la suite. La reddition des comptes au Peuple, en fin de mandat, s’impose à moi.

Finalement, j’ai compris que le Roi est venu, il n’a que des droits, mais pas de devoirs vis-à-vis de son Peuple ».

Boni Yayi, plus que jamais engagé dans l’action politique

« Pour moi l’heure est grave et nulle part, notre Constitution ne m’empêche d’opiner sur la gouvernance décevante des affaires de notre pays, pour son impact dévastateur sur le Peuple. Dès lors, en ma qualité d’ancien Président, mon devoir est d’éviter tout silence complice, car je suis préoccupé de l’avenir de ce pays, de sa jeunesse, de nos enfants et petits-enfants.

J’ai fait l’option, conformément à la Constitution, de militer dans le Parti « Les Démocrates » pour le retour de notre Démocratie, de l’Etat de droit et du respect des Libertés fondamentales, gage de notre marche vers la bonne gouvernance de nos affaires, laquelle détermine la paix, la stabilité, la sécurité de tous, le développement et la prospérité partagée. Je ne crois pas aux réformes personnelles qui instaurent la dictature et les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat, au profit d’une minorité, qui esclavage le Peuple.

Toute réforme sérieuse suppose la concertation, la co-construction et la co-décision pour produire des fruits à court, moyen et long terme.

Pour un meilleur rendement sur les populations, les réformes doivent s’inscrire dans un cadre institutionnel comprenant les mesures, les règles, les organes de surveillance ou de contre-pouvoir, des organes d’information et des organes de décision.

N’oublions pas le drame qui s’est abattu sur ma patrie que j’ai dirigée pendant dix ans, provoqué par les nominations des députés devant voter des lois et contrôler l’action gouvernementale, les nominations des maires devant animer la gouvernance locale pour contribuer à réduire les inégalités, les partenariats équilibrés entre nos communes. L’environnement actuel suscite des inquiétudes, car dans ce processus, le Peuple souverain a été privé de ses prérogatives constitutionnelles et légales, plongeant notre pays dans une incertitude. Comment gérer la problématique d’une gouvernance locale sans décentralisation et d’une décentralisation sans gouvernance locale en dehors du Peuple ? »

« Où nous conduit cette réforme partisane, qui se refuse à reconnaître légalement le droit des citoyens à créer un parti politique d’opposition avec des projets de société responsables ? Nous sombrons sous le régime de parti unique. Quel recul ? Et quelles humiliations ? Quelle démission collective ?

Jusqu’où nous conduira encore l’entêtement à poursuivre les exclusions dans le code électoral qui ne reconnaît pas l’opposition et instaure des verrous pour aboutir à un parti unique avec comme candidat le chef de l’Etat, lequel se donne les moyens de choisir des faire-valoir, à travers le parrainage à donner par les 160 nommés ( 83 députés + 77 maires) par le chef de l’Etat ? Pourquoi pas un parrainage démocratique donné par les populations ?

Où allons-nous avec de nombreux hommes et femmes politiques arbitrairement en prison ou en exil ?

C’est le moment de jurer la main sur le cœur, que lors de ma charge je n’ai jamais exilé mon compatriote Talon aujourd’hui Président. L’affaire de malle arrière n’est qu’un montage, certainement, de certains zélés à la recherche de gains faciles auprès de celui qui le dit. M. Talon m’a tout juste révélé qu’il montera son projet politique. Je lui ai souhaité une bonne chance. C’est alors que les intoxications ont démarré. Je n’ai jamais parlé d’un troisième mandat en 2016. Car je venais d’être élu en 2011. Pensez à 2016 était de pures intoxications.

Si le Président estime que mon adhésion au parti « Les Démocrates » s’assimile à un comportement de compétiteur, que diraient alors les Américains du Président Obama qui fait le tour de l’Amérique parce que convaincu que c’est dans un élan de démocratie et d’unité dans la diversité des projets de société qu’il dirige le parti « Démocrate » en Amérique et qu’il cautionne et parraine le candidat démocrate, Joe Biden, à la prochaine Présidentielle américaine.

Le Président Trump ne s’en offusque pas. Naturellement, les institutions démocratiques sont fortes et indépendantes chez l’oncle SAM. En Afrique, le Malawi s’est-il plaint des activités politiques de l’ex-Présidente Banda aujourd’hui aux côtés du nouveau Président élu pour un nouveau Malawi ? Elle était contre la gouvernance du Président sortant.

Ne tuons pas notre Démocratie. La fin de mandats ne signifie pas la mort ou la soumission si la gouvernance ne convient pas. Le cas du Nigeria, du Ghana, du Cap-vert et autres sont des exemples à ne pas ignorer. Puisque le Président démolit les œuvres de ses prédécesseurs et tente de les empêcher de s’exprimer, je crois que pour lui, ma résidence doit être au cimetière. Telle n’est pas la décision de mon Créateur et de ses Anges qui me gardent. Je ne suis pas influençable, M. Talon lui-même le sait. J’ai des droits et j’en ferai usage. Je n’ai peur de personne sauf de mon Dieu qui m’a créé.

Ce n’est pas par la dictature orientée, centrée sur les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat, au profit d’un clan sous le signe de la corruption, que les Béninois parviendront à la Terre Promise où coulent le lait et le miel pour tous.

Je souhaite le dialogue pour régler nos problèmes. Je souhaite le respect des droits de tous les citoyens pour la paix, la stabilité et la sécurité.

Le Bénin est la gouvernance du Peuple par le Peuple et pour le Peuple, lequel Peuple souverain doit reprendre ses droits à choisir librement ses dirigeants qui le rassurent.

Le dernier mot revient au Peuple.

Gouverner bien, c’est dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit en toute transparence. Autrement on n’est plus audible par le Peuple. Par ailleurs l’autorité de l’Etat passe par l’exemplarité des dirigeants.

Dieu a un projet de bonheur et non de malheur pour notre cité commune. Ce projet s’exécutera par sa Grâce ».




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