Emmanuel Macron vient passer deux jours au Cameroun, à partir du 25 juillet puis au Bénin et en Guinée Bissau. Une visite imminente du président français qui intervient en pleine période de succession à la tête de l’État camerounais. Alors que les guerres intestines font rage pour succéder à Paul Biya, eh bien, cette visite est tout sauf anodine.
A l’annonce de cette tournée africaine du dirigeant français, sa toute première après sa réélection, des interrogations surgissent : pourquoi tant de précipitation, tant d’honneurs et en fin de compte, pour quoi faire et pourquoi le Cameroun ?
Selon Dalami Mahaman, conseiller politique, consultant en relation publique, Emmanuel Macron peut ignorer les luttes au sein du RDPC, le choix de Paul Biya, le choix de Chantal Biya, la montée en puissance de Franck Biya, les progressistes du RDPC.
Le dirigeant français peut également ignorer les forces de l’opposition qui font un score si médiocre aux présidentielles, en particulier Maurice Kamto.
Mais il ne peut ignorer les problèmes du Noso et les dissidences violentes et sécessionnistes induites, la corruption profonde qui règne dans toute la société et qui est un instrument politique, tout comme le communautarisme diviseur mis en place par le pouvoir.
Il ne peut non plus ignorer les accords de défense avec la Russie et les agissements de la Chine…
Dans ce contexte politique très particulier à Yaoundé, quels messages Macron veut-il faire passer, et à qui ?
En effet, pour avoir suivi et suivre toujours de près, voire de très près, la politique intérieure du Cameroun, François Meynent, consultant en politique africaine, soutient pour sa part, qu’il n’est pas étonnant que c’est la suite logique d’une politique initiée depuis longtemps : soutenir sans le dire ouvertement Paul Biya et, peut-être, obtenir des gages économiques ?
La constante de la politique française depuis la fin de la Françafrique, poursuit ce dernier, semble être de faire confiance à celui qui est en place, à sa succession choisie, plutôt que de jouer la carte du renouveau et de la rupture, par peur de l’inconnu, la nouvelle femme ou le nouvel homme dont on ne connaît pas vraiment les objectifs. Au Cameroun comme ailleurs en Afrique.
De ce fait, Emmanuel ne peut donc ignorer que l’avenir du Cameroun pèsera fortement sur la stabilité de l’Afrique centrale et de l’Ouest.
Pour rappel, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron est attendu du 25 au 28 juillet au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau. Cette première tournée africaine depuis sa réélection en avril est placée sous le signe de la sécurité : alimentaire et militaire.
Ce déplacement aura notamment pour thèmes la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires, selon l’Elysée.
L’Élysée veut d’abord mettre en avant l’initiative Farm. Lancée fin mars avec l’Union européenne, le G7 et l’Union africaine, elle a pour objectif de doper la production agricole dans un contexte mondial d’insécurité alimentaire et faire du Cameroun un exemple, avec la perspective d’investissements français.
Il sera accompagné de Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes et étrangères, d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, de Franck Paris, le monsieur Afrique du président, et de Christophe Bigot, directeur Afrique du ministère des Affaires Européennes et Étrangères.