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Togo : Faure Gnassingbé peut-il être candidat en 2020 ? André K. Afanou sort ses arguments

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Le 22 février de l’année prochaine, les Togolais se rendront aux urnes pour le compte du premier tour des présidentielles de 2020. A environ deux mois de ce scrutin aux enjeux énormes, 14 candidats ont déjà annoncé leur participation à ladite élection. Tant attendu par les uns et très craint par les autres, le « Messi » du parti UNIR a toujours jusqu’au 27 décembre pour se prononcer sur sa candidature.

Suite aux appels incessants des membres de son parti, le candidat naturel d’UNIR, Faure Gnassingbé reste muet. Peut importe, les sages du parti au pouvoir estiment qu’ils n’ont pas besoin que leur champion leur dise « Oui ».

Au sein de l’opinion, le débat est d’autant plus d’actualité. Faure doit-il se présenter pour un quatrième mandat après qu’il ait affirmé lui même que « pour que la démocratie progresse en Afrique, il faut nécessairement limiter le mandat à deux ou à trois »?

La sixième législature a quant à lui, voté une loi permettant au président de briguer deux mandats de plus. Une loi quand bien même ne répondant pas exactement à la feuille de route de la CEDEAO.

Les différents partis de l’opposition et la société civile togolaise sont partagés entre ’empêcher’ Faure de briguer un mandat dit « de trop », ‘réorganiser’ le cadre électoral afin de le rendre plus crédible et transparent, et ‘battre’ le fils de l’ancien président Eyadema dans les urnes en 2020.

De son côté, le mouvement En aucun cas, avec à sa tête Foly Satchivi, tient le même discours. Ce dernier entend empêcher par tous les moyens légaux et pacifiques, l’actuel président de briguer un quatrième mandat. Sur les traces de Nicodème Habia, Satchivi a d’ailleurs entamé une grève de la faim pour se faire entendre.

Sur cette épineuse question sur la candidature ou non de Faure Gnassingbé en 2020, le défenseur des droits de l’Homme, André Kangni Afanou s’invite dans le débat.

Voici son analyse :

La « grève de la faim » de Folly Satchivi remet à l’ordre du jour le débat sur la possibilité ou non pour le Président actuel, de se présenter au scrutin présidentiel de 2020.
Et ce débat, à mon avis, est loin d’être superflu.
Que cette cause puisse prospérer ou non, cela n’empêche pas d’en débattre. au minimum, dans l’espace public.
Tout ce qui est « conforme à la loi » n’est pas forcément la norme. Le peuple algérien nous le démontre si bien ces temps ci. Dans beaucoup de pays, les « lois » sont très loin d’être conformes aux standards internationaux et donc, les opinions publiques ont des raisons de douter de leur caractère objectif. Que de décisions arbitraires ne voyons nous pas les gouvernants, ici et ailleurs, prendre, justement en « application » de la loi ?

Le fait que le Président actuel puisse (encore) être candidat peut choquer les consciences surtout si on considère :

1- le temps déjà passé au pouvoir par sa famille biologique (38 ans pour son père et 15 ans pour lui). Mine de rien, c’est vraiment beaucoup ! Et cela pose un problème de répartition équitable des opportunités nationales. Et un autre problème sur la nature du régime politique chez nous. Et ce qui se passe actuellement au Gabon n’est pas de nature à nous rassurer (Ali Bongo qui a succédé à son père Omar Bongo dans des conditions peu orthodoxes, vient de nommer son fils à lui à la « coordination des affaires présidentielles » le plaçant en position de lui succéder. C’est un Gabonais comme tous les autres, nous diront certains. Mais, il est admis, depuis des siècles, « que tout homme qui a du pouvoir, peut etre porté à en abuser. »
Et donc, le fait de durer autant au pouvoir peut vraiment être une source d’abus.

2- Les conditions (non consensuelles) dans lesquelles ces réformes ont été faites en totale contradiction avec l’esprit de la Feuille de route de la CEDEAO.
Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que la Feuille de route de la CEDEAO a « été respectée, mais dans le mauvais ordre ». A partir de ce moment, on n’est pas étonné que les problèmes persistent comme s’il n’y avait jamais eu de Feuille de route. La crise de confiance au sein de la classe politique et entre les citoyens et les institutions est toujours intacte.

3- Enfin, on sait qu’au Togo et dans certains pays africains, mais pas seulement, les Chefs d’Etat n’organisent pas les élections pour les perdre.
Oui, au Togo, nous avons des espaces de liberté. Mais on n’est pas encore (vraiment) en démocratie. Surtout que, dans la perspective des élections, on n’a pas des institutions vraiment indépendantes. Pas encore. En effet, en 2020, quelle institution déclarerait le potentiel candidat Faure E.Gnassingbe perdant à la Présidentielle ? La CENI ou bien la Cour constitutionnelle que le président FEG vient de « décider » de réformer ?

Le problème posé par Satchivi est, à mon avis, un vrai problème de fond.

Maintenant, pour que ce débat puisse prospérer, et avoir des chances d’être pris en compte, il faut qu’il soit porté par l’ensemble de l’opposition politique. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Et c’est un facteur fragilisant.

L’opposition aujourd’hui est plurielle et marquée par des querelles interminables de leadership. Et ce manque de solidarité et/ou de stratégie unitaire rend inaudible la (les) causes, pourtant nobles qu’ils défendent.
Et rien ne donne l’impression qu’ils veulent travailler ensemble. Chacun reste dans son coin à pondre des communiqués « de protestation » chaque fois que de besoin. Et dans certains cas, ils ne se gênent pas pour mettre des bâtons dans les roues les uns des autres.
Même au sein de notre société civile, les acteurs ont du mal à travailler en synergie. Les journalistes, il y a les pro et les anti; les positionnements sont faits en conséquence. Les opérateurs économiques préfèrent être prudents. Les leaders religieux, certains parlent et sont traités d’opposants; les autres préfèrent se taire et « prier »
La diaspora ? Elle est minée par les mêmes contradictions que l’on retrouve dans le pays.
Et voilà ce que L’Or de l’Humanité est devenu.
Que faire ?
Aujourd hui, c’est dimanche. Je m’en remet à Dieu. Que sa souveraine volonté soit faite.🙏🏼🙏🏼🙏🏼




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