La récente déclaration du secrétaire d’Etat américain est une aubaine pour le choix adopté par le gouvernement malgache sur la crise ukrainienne. Le ministre des Affaires étrangères l’a indiqué lors d’une rencontre avec la presse. Pour Antananarivo, pas question de faire machine arrière et ce, malgré la pression des pays occidentaux.
Lors d’une conférence de presse mardi 23 août, le chef de la diplomatie malgache, Richard Randriamandrato, persiste et signe que Madagascar ne prendra pas parti dans la crise ukrainienne. Ni en faveur de la Russie, encore moins aux côtés des pays membres de l’alliance de l’Atlantique Nord. Le « non-alignement » est toujours soutenu par le gouvernement, a affirmé Richard Randriamandrato.
L’Union européenne et les États-Unis ont souhaité que Madagascar dénonce l’invasion russe en Ukraine et s’aligne sur leur position sur l’échiquier mondial. Pourtant, le gouvernement malgache a décidé autrement et joue le « ni…ni… » dans cette crise au mépris des convoitises.
Entre ami et ennemi, place à la souveraineté.
La diplomatie malgache ne change pas d’un iota même si « Madagascar doit s’adapter au nouveau contexte mondial », selon toujours Richard Randriamandrato, et maintient toujours sa position concernant la crise ukrainienne. Seuls « les intérêts économiques et la défense de la souveraineté nationale et territoriale » priment selon lui. Et « nous n’avons pas d’ennemis », a-t-il lancé. Et de poursuivre que « Madagascar est un pays ouvert à toutes les bonnes volontés afin de nous aider et de nous accompagner dans le développement du pays, de faire de Madagascar un pays émergent ». « Les alliés de nos amis ne sont pas forcément nos amis, les ennemis de nos amis ne sont ni nos amis ni nos ennemis », a-t-il affirmé. Un grand écart sur une crise qui fait alors mal à l’économie malgache.
Justification de la neutralité
« Le monde change et les grandes puissances économiques, militaires, financières, ajustent leur position en tentant de former de nouvelles alliances », analyse Richard Randriamandrato. Mais sa diplomatie ne veut pas se mouiller dans les camps qui s’affrontent et se tient à l’écart des feux. Il justifie cette « neutralité » au bénéfice des « intérêts économiques et de la souveraineté » et reprend le récent discours du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, sur le cas africain. « Les États-Unis ne dictent pas les choix de l’Afrique et personne d’autre ne doit le faire non plus », a sorti ce chef de la diplomatie américaine dans le cadre d’un voyage en Afrique du Sud. Une phrase qui a ravi le ministre malgache des Affaires étrangères.
Position diplomatique américaine
C’est la récente déclaration à la presse locale de l’ambassadrice américaine Clair Pierangelo qui regrette la neutralité malgache par rapport à l’invasion russe en Ukraine. « Les Américains se doivent d’accorder leur violon », cette déclaration est très mal prise par le gouvernement malgache, que le ministre Richard Randriamandrato qualifie d’indifférence de la Maison Blanche à travers son ambassadeur.
Pour rappel, le 2 mars, l’Assemblée générale des Nations unies a voté une résolution condamnant l’invasion russe et exigeant le retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Cependant, seuls 28 des 54 pays africains ont soutenu cette résolution, tandis que 17 pays se sont abstenus et 8 étaient absents. Au total, 141 des 193 États membres de l’ONU ont condamné la Russie, les pays africains représentant environ la moitié de ceux qui se sont abstenus ou n’ont pas voté. Madagascar avait voté pour l’abstention.