Les Chinois seraient-ils des racistes anti-Noirs? Les explications d’un géographe spécialiste de la Chine contemporaine inclinent à cette thèse. Alors qu’une vidéo tournée au Malawi a remis au goût du jour la question du racisme des Chinois envers les Africains.
C’est une vidéo tournée en 2020 au Malawi selon un reportage de la BBC. On y voit un ressortissant chinois, Lu Ke, faisant prononcer des phrases racistes, en mandarin, à des enfants. « Les Africains seraient des diables noirs, ayant un faible quotient intellectuel« , c’est la traduction de la phrase qu’ils répétaient en choeur sans le savoir.
L’intéressé nie avoir été à l’origine de cette vidéo. Le gouvernement malawite a indiqué son intention de juger Lu Ke. L’ambassade de Chine au Malawi condamne les actes du ressortissant chinois, en soulignant que « le gouvernement chinois a une tolérance zéro vis-à-vis du racisme« .
L’Afrique, c’est le diable ou l’enfer en chinois
Emmanuel Véron est un géographe spécialiste de la Chine contemporaine. Dans un entretien à la Deutsche Welle, il explique que « d’une manière générale, dans l’imaginaire collectif des Chinois, les peuples d’Afrique et les Africains ont toujours été perçus de manière négative et très péjorative ».
Selon lui, le racisme anti-Noirs est une réalité prégnante chez les Chinois. « J’en veux pour preuve le vocabulaire : quand on dit le mot Afrique en chinois, Fēizhōu, ou les Africains Fēizhōuren, ça renvoie non pas à une question phonétique mais au mot Fēi qui veut dire diable, enfer. »
Beaucoup de situations confirment malheureusement la thèse développée par Emmanuel Véron sur le racisme anti-africain en Chine. On se rappelle que pendant la crise du covid-19 en 2020, des expatriés africains, notamment nigérians, avaient été chassés par la police chinoise dans la ville de Canton, où vivent et travaillent plusieurs centaines de milliers d’expatriés africains. Sur une vidéo amateur, ces hommes et femmes affirment avoir été expulsés de leur logement et suspectés de propager le Covid-19.
« Ils n’ont aucun respect pour toi, aucune considération, ils peuvent cracher sur toi », raconte sur la DW, Amadou Barry qui a vécu en Chine pendant trois ans. « Il y a beaucoup de Chinois en Afrique qui passent leur temps à faire du business avec des vidéos. Ils viennent, ils prennent des vidéos racistes, ils les mettent sur TikTok, des réseaux sociaux. C’est quelque chose qui est rentable pour eux », ajoute-il.
Et Emmanuel Véron d’enfoncer le clou: « le partenaire chinois n’est pas si facile et si bienfaiteur que cela. »