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4 coups d’Etat en 60 ans : bonne fête d’indépendance, Mali !

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Le Mali célèbre en ce jour sa fête d’indépendance. A l’occasion de ce 60ème anniversaire, l’image que donne le Mali est celui d’un pays qui se remet de son coup d’Etat du 18 août dernier, le quatrième de son histoire.

Le pays, qui avait eu pour premier président Modibo Keïta, essaie aujourd’hui de reprendre en mains son destin avec aux commandes un président de la transition, l’ex-ministre de la Défense Bah N’Daw.

DISCOURS À LA NATION DU PRÉSIDENT DU CNSP COLONEL ASSIMI GOÏTA

Chers compatriotes

Par la grâce de Dieu, j’ai le privilège insigne de m’adresser à vous, ce soir, en cette occasion solennelle que représente la date anniversaire de notre accession à l’indépendance nationale, le 22 septembre 1960.

22 septembre 1960 – 22 septembre 2020 ! Soixante ans qu’avec ses compagnons, le grand homme d’Etat et nationaliste convaincu, le Président Modibo Kéita, a proclamé l’indépendance de la République du Mali.

C’est une fête de mémoire et d’espoir. Mémoire des sacrifices consentis par les pères fondateurs ainsi que les idéaux dont ils étaient porteurs et espoir de lendemains meilleurs pour que les générations futures soient fières de l’héritage que nous leur laisserons.

Notre sentiment de reconnaissance envers nos valeureux devanciers doit alors être permanent et nous devons faire foi en notre capacité à assumer notre destin.

Chers compatriotes,

Notre chère patrie est à la croisée des chemins et est confrontée à des défis multiples. Soixante (60) ans d’indépendance, que de chemin parcouru, de progrès réalisés, de moments d’incertitudes, de doutes, d’interrogations et de moments moins glorieux.

De l’Empire du Mali au Mali actuel en passant par la Fédération du Mali et plus récemment le Soudan, que de péripéties. Pour autant, notre volonté de vivre en commun n’a jamais été prise à défaut.

Mais il faut le redire, le Mali, notre chère patrie, a été suffisamment éprouvée dans sa chair et dans son être par une crise multidimensionnelle. Durant la dernière décennie en particulier, chacun aura constaté et vécu ce qui nous est arrivé de grand et de moins de grand, à savoir un pays annexé au deux-tiers en 2012 et qui dut recourir à la communauté internationale pour sa libération.

En 2020 encore, l’insécurité prévaut sur une large partie du territoire national. Les Forces de Défense et Sécurité se battent héroïquement mais les guerres asymétriques, nous le savons tous, se gagnent difficilement. Elles se gagnent avec le temps, dans la détermination et dans la résilience.

Je voudrais vous faire la promesse que nous gagnerons la guerre qui nous a été imposée.

A cet effet, les Forces de Défense et de Sécurité doivent être davantage mobilisées, formées, aguerries et mises dans les conditions matérielles et morales de la victoire qu’elles ont obligation de remporter contre l’ennemi et ce, pour le peuple malien. Les mois à venir doivent être des mois de résultats et d’engagement décisifs pour que le Mali recouvre rapidement toute sa sécurité sur tout son territoire.

Les Forces de Défense et Sécurité répondent et répondront, avec vaillance et en tout lieu, à l’appel du Mali. Elles « sont debout sur les remparts, et résolues de mourir » afin que le Mali demeure. Et le Mali demeurera inchallah !

Les efforts seront accrus pour renforcer les capacités opérationnelles de notre principal outil de préservation de la sécurité de nos concitoyens, de défense de notre territoire et de protection de la paix que sont les FAMAs.

Chers compatriotes,

L’école malienne doit retourner à l’école. Il faut que par le recrutement massif de filles et de garçons, elle relève le défi de la lutte contre l’illettrisme. Il faut que par le relèvement de la qualité des formations, notre pays soit compétitif dans la sous-région et au-delà. Il faut que, par l’amélioration substantielle de la condition enseignante, l’encadrement soit plus motivé, comme le laisse espérer l’application de l’article 39 dont la mise en œuvre ne pose plus de problème, grâce à l’accord obtenu ces jours entre les syndicats concernés et le CNSP.

Par ailleurs, les élections récentes ont suscité, à juste raison, beaucoup de critiques fondées. Elles ont été parmi les déclencheurs de la crise socio-politique que notre pays traverse actuellement. Il est impérieux dès lors de veiller à ce que les élections, mécanisme essentiel du jeu démocratique, se tiennent désormais dans la transparence et sans parti pris de l’administration.

Les listes électorales doivent être fiables sans doublons et les scrutins doivent se tenir avec une enveloppe financière raisonnable, à la mesure des moyens modestes de notre pays.

Sur le même registre, le développement national doit connaître un nouvel essor. Il est indispensable que nos routes soient praticables et dignes d’un pays fier, que les populations aient plus accès à l’eau, à l’électricité, à la nourriture, à la santé. Et pour cela, il est indispensable que les gouvernants fassent en sorte que l’impunité soit définitivement enrayée, que la corruption soit combattue sans concession, que les Maliens soient égaux en droit et que la loi soit appliquée à tous, sans favoritisme.

Je suis, pour ma part, convaincu que la Justice jouera pleinement sa partition dans la reconstruction du Malien nouveau.

Chers compatriotes,

Pour toutes ces raisons, plaçons cette fête sous le signe d’un nouveau départ, d’une nouvelle opportunité que nous nous donnons pour faire grandir le Mali dans la confiance, la cohésion sociale retrouvée et dans la solidarité.

Le changement, c’est maintenant. Amorcer le changement n’est plus une faculté, encore moins une option parmi tant d’autres ; il est, de nos jours, une nécessité vitale et existentielle.

Le développement et le salut de notre pays passent impérativement par un changement profond de notre manière d’agir, une rupture d’avec nos méthodes habituelles de gestion, une mutation profonde de nos rapports à la chose publique et un changement de mentalité.

Sans sacrifices, le changement tant souhaité et escompté ne sera qu’un vœu pieux, un vain mot. Il passe par la lutte implacable contre la mauvaise gouvernance et l’impunité. C’est un devoir impérieux d’initier toutes les actions appropriées en vue d’inverser la tendance et de construire un Mali nouveau, un Malien nouveau.

Chers compatriotes,

L’action du CNSP, le 18 août dernier, n’est point le résultat de l’aventurisme juste pour faire une incursion dans la vie publique politique.

Elle est la résultante du pourrissement de la situation socio-politique persistante dont l’acuité mettait en mal le tissu social.

Les hommes, qui forment le Comité National pour le Salut Public (CNSP), sont les enfants de cette nation, acquis à ses valeurs, capables comme chaque Malien doit pouvoir le faire, de se sacrifier pour l’intérêt général.

Venu en ce moment de notre Histoire, dans le contexte de grave crise sociopolitique que tout le Mali a vécue, le CNSP ne se trompe pas d’enjeux.

Il est parfaitement conscient que le Mali doit s’imposer à nous tous, que le Mali est au-dessus de nous tous, et que chacune de nos actions, chacune de nos décisions doit être guidée par la volonté de mieux servir ce pays.

Notre intervention avait pour but d’éviter à notre pays de sombrer dans les profondeurs d’une crise qui l’a fortement marquée ces dernières années

Chers compatriotes,

Nous travaillerons à ce que nul ne puisse impunément s’enrichir au détriment de l’Etat et des citoyens. Nos institutions ne serviront plus de refuges à ceux qui cherchent, au moyen de certains mécanismes, à se soustraire à l’action de la justice, dévoyant ainsi l’immunité de ses finalités.

Je vous donne l’assurance, chers compatriotes, qu’à la faveur des réformes majeures envisagées, l’immunité ne sera plus un obstacle juridique aux poursuites judiciaires en matière de délinquance financière et économique. De même, le temps n’aura plus de prise sur cette infraction qui sera érigée en infraction imprescriptible.

Chers compatriotes

La réconciliation est une nécessité pour notre avenir commun. Cette communauté de destin nous impose de transcender nos considérations personnelles, subjectives et partisanes.

Je vous invite, chers compatriotes, à l’appel du Mali, qui a besoin pour son développement de l’apport de l’ensemble de ses fils et filles de l’intérieur et de l’extérieur.

Nous avons un devoir de génération et une responsabilité collective de préserver notre précieuse richesse, c’est-à-dire le Mali, notre patrie, notre grande Nation bâtie dans la diversité et le respect des différences.

Nous travaillerons à une mise en œuvre intelligente et efficiente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger en vue de créer les conditions optimales d’une paix durable. Les conclusions du Dialogue National Inclusif seront mises en œuvre avec toute la diligence requise.

Chers compatriotes,

Nous devons travailler, dans la synergie et la communion, sans exclusion aucune, à doter notre pays d’institutions fortes, viables et capables d’assurer la continuité de notre Etat, nous conduisant vers de nouveaux rivages, des lendemains meilleurs. C’est tout le sens de la démarche du Comité National pour le Salut du Peuple qui réunit en son sein toutes les composantes de nos forces de défense et de sécurité.

Il vous souviendra que les journées de concertations nationales tenues les 10, 11 et 12 septembre dernier, furent, avec la participation de l’ensemble des forces vives de la nation, un moment privilégié de réflexion collective et de concertation approfondie sur le devenir du Mali. Elles ont permis d’adopter une feuille de route claire et précise de la transition, la définition de l’architecture institutionnelle et l’élaboration de la charte de la transition et, ce, dans une totale liberté d’esprit et d’action.

Notre seul combat est le Mali.

J’ai foi en nos ressorts culturels, en ces valeurs de la nation et de la patrie, pour transcender cette situation qui n’est point au-dessus de nos capacités et du génie malien.

Chers compatriotes,

Je me réjouis de l’issue du sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré à notre pays, et auquel nous avons été invités à participer à Accra le 15 septembre dernier. Il a été l’occasion d’exposer l’agenda du Mali et sa démarche inexorable vers un destin démocratique et inclusif. C’est le lieu de remercier nos partenaires de la CEDEAO et de l’ensemble de la Communauté Internationale pour leur engagement à nos côtés et leur soutien si précieux.

Je suis très heureux d’annoncer au peuple le choix de Monsieur Bah N’DAW comme Président de la Transition et le Colonel Assimi GOITA comme Vice-Président de la Transition par un collège réuni ce lundi 21 septembre 2020.

Bonne fête d’indépendance à toutes et à tous dans un Mali paisible et uni !

Vive la République ;

Vive le Mali ;

Dieu protège la patrie !




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