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JE TE VOIS, JE VOIS UNE AFRIQUE EMERGENTE

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Etudiants

Il était quinze heures .Le professeur venait juste de finir son cours. Avec toute cette chaleur, il valait mieux ne pas demander à son camarade de classe s’il avait compris ce que « le cousin » avait raconté. Personne n’avait vraiment suivi .Nous étions cinq-cents personnes dans un amphithéâtre qui ne pouvait qu’en recevoir trois-cents. Mais la bonne nouvelle, c’est que c’était le dernier cours de la journée. Une journée pas très différente des autres. On ne savait plus pourquoi il fallait aller aux cours mais on y allait quand même. Lorsque tu as des rêves plein la tête, des choses qui te passionnent mais difficiles d’accès, tu prends ce qu’on te propose. Une jeunesse africaine talentueuse qui s’embrouille et qui se perd lentement. Nos parents nous disent inconscients juste parce qu’on a marre de courir après les diplômes ou de ne pas être enthousiaste à rester dans un bureau toute la journée tel un insecte dans une mie de pain. Ici les anciens nous crient tous les jours que la passion et plus précisément l’art ne paie aucunement. Ce n’est après qu’avoir été riche et bien assis (et tout vieux) que tu pourras enfin penser à faire ce que tu aimes. Peut-être est-ce à cause de cela que ces petits vieux se « rattrapent » sur nos jeunes sœurs. Mais tout comme Socrate je n’en sais pas grand-chose et je ne pourrai pas y répondre. Heureusement il reste encore de ces jeunes ’’rebelles ‘’ qui s’épanouissent. Je pris mon sac au dos et je longeai le mur du Campus pour la maison. Ma peau mouillait sous les douces caresses du soleil. Je pouvais apercevoir Kokou sur le terrain. Ce gars avait un talent inné pour le Basket-ball. Il s’y adonnait presque tout le temps quitte à rater quelques cours. Sous d’autres cieux il serait déjà devenu riche grâce à sa passion. Sur le banc public à l’ombre, Florent avait toujours son appareil photo en main à l’affût de toute action insolite ou belle. Ces photos sortaient toujours de l’ordinaire, il magnifiait des choses insignifiantes. Même de loin en me voyant il braquait toujours son objectif sur moi. Sacré Florent! Puisses-tu révolutionner le monde de la photographie africaine un jour. Parmi toutes ses personnes talentueuses, celle qui avait le don de me faire frémir, c’est Yawa que l’on surnomme tous affectueusement « Bunny » à cause de ses dents mignonnes de devant. Tous ses gestes étaient naturellement gracieux et son sourire nous faisait fondre. Sa peau était parfaitement noire et brillante. Ses rondeurs dont elle était fière ne nous laissaient pas du tout indifférents mais ce qu’elle avait de plus particulier, c’est sa voix. Tu pouvais y ressentir le goût de miel et une chaleur envoutante ; une voix qui pouvait calmer et te faire oublier toutes tes peines. A chaque fois que je lui demandais de me fredonner quelque chose, elle le faisait avec tout son amour en stock. J’avoue que lorsqu’elle chantait, je ne bougeais presque plus de peur d’en rater une partie. Détrompez-vous sa vie n’est pas un gâteau. Elle a perdu ses parents dans un accident à l’âge de dix-huit ans. Elle doit bosser très tard dans un Fast-food de la capitale afin de pouvoir veiller sur ses petits frères puis se lever très tôt pour pouvoir suivre les rythmes des cours au Campus. Des fois quand l’occasion se présente, elle est invitée pour faire des prestations musicales à des anniversaires ou mariages. Elle a une vie dont personne d’autre ne rêve vraiment mais est toujours la première à nous dire « ça va aller..». Et quand des fois elle est au bout du rouleau, elle … chante. Les femmes ont effectivement reçu une force de supporter et d’espérer qui dépasse l’entendement humain. Elle m’a plusieurs fois confié, « un jour, je deviendrai une icône de l’Afrique en matière musicale, je le sais ! » et à vrai dire je la crois sans hésiter. J’étais presqu’arrivé à la maison mais une fraiche brise m’immobilisa sous le gros arbre à notre devanture. Je jetai mon sac et m’étalai à même le sol. Je fixais la cime en entendant le vent chanter. Je ne faisais plus attention aux passants. Je repensais à mes amis, à moi, à nous, à demain. D’autres parleraient des personnalités célèbres comme Afrique Emergente. Plus j’y pense et plus je n’ai pas envie de chercher loin. L’Afrique Emergente c’est aussi nous. C’est ceux qu’on ne connait peut-être pas encore mais qui donnent déjà de la force et inspirent leur entourage. C’est ceux qui n’attendent pas un motivateur pour avoir confiance en soi. C’est ceux qu’on appelle parfois rebelles au début mais qu’on finit toujours par applaudir à la fin. C’est ceux qui osent choisir ce qu’ils aiment faire, ceux qui ont choisi de ne pas renoncer à leurs rêves quoiqu’il arrive. C’est peut-être une autre Yawa qui n’a pas perdu l’envie de se battre alors que son monde s’écroulait autour d’elle. C’est un Florent caché quelque part qui n’arrive pas à cacher sa passion. On se moque souvent d’eux mais eux, ils s’en moquent! Combien mes écrits peuvent inspirer et encourager quelqu’un. Combien tes talents peuvent changer l’Afrique. Ce n’est pas grave s’ils ne nous connaissent pas encore, ils en auront largement le temps. Nous sommes la réelle Afrique Emergente et…ils ne pourront pas nous oublier.

 

AZILAR Kokou Jérôme (  Togo )

Cet article est en lice pour la première édition du Concours « Ils Font l’Afrique IFA ». Laissez un commentaire pour voter pour cet article.




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