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KAMINA, UN JOYAU ALLEMAND, ESPOIR D’UNE VILLE TOGOLAISE

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Il existe en Afrique toute une richesse telle que nul ne peut s’y promener sans en ramener un souvenir particulier. Notre voyage va donc nous emmener sur les terres togolaises dans Atakpamé, ville peu connue située dans la région des Plateaux, véritable mine d’or en éléments patrimoniaux aussi bien matériels qu’immatériels dont l’ultime espoir de développement semble ne pouvoir se reposer sur un joyau allemand. Lorsque vous approchez de la ville, la première impression est celle d’un plongeon dans un autre univers. Chaque ville avec sa particularité, dira t’ on. La ville est construite en haut d’une colline qui surplombe la plaine avoisinante offrant une vue panoramique spectaculaire. Le système hydrographique de la ville d’Atakpamé est très riche. Les sources sont présentes sur l’ensemble du territoire dans des entailles aux flancs des collines. Le principal cours d’eau Iké comprend de nombreux affluents. Les lits de ces rivières et ruisseaux sont garnis de pierres plates, de galets, façonnés par l’érosion hydrique et évidemment de bancs de sable. Ces lits abritent une faune de petits poissons, d’insectes et autres animaux aquatiques, ainsi qu’une flore exotique dans les bassins.. Ce sont dans les méandres formés par le tracé sinueux de la rivière Iké, que ces bassins ont conservé le plus leur charme naturel. Le paysage naturel est relativement préservé et offre un certain charme. La végétation à Atakpamé est localisée principalement dans la réserve de la Forêt Classée, sur les surfaces sommitales des collines, le long des cours d’eau, et dans les espaces interstitiels offrant ainsi une diversité d’espèces. Outres toutes ces merveilles, et son identité de ville spirituelle, Atakpamé a aussi bénéficié d’une parure monumentale qu’est l’héritage architectural allemand. Bien de bâtiments encore présents en sont témoins mais le souvenir qui constitue la plus grande fierté d’abord des Allemands puis de la population d’Atakpamé et enfin de l’Etat togolais est sans doute le joyau Kamina. A l’est périphérique de la ville, se situe le quartier Kamina, point touristique plutôt délaissé. Son plus grand atout est la présence du site historique de la Station radio intercontinentale allemande qui a servi de relais entre l’Afrique entière et Nauen lors de la première guerre mondiale. Une partie de l’histoire du monde pourrait être reconstituée grâce à ce site. On peut dire que les Allemands ne voulaient pas qu’on les oublie. Au terme de ce séjour passé durant les temps coloniaux en Afrique, ils ont distribué des souvenirs un peu partout. Le site de Kamina présente tous les critères lui permettant de s’adopter dans la famille du patrimoine de l’UNESCO. Il témoigne de la richesse de ses essences mais sa renommée est issue du fait qu’il ait abrité la station radio intercontinentale allemande. Le site de Kamina est une station émettrice transcontinentale à partir de laquelle étaient dirigées les opérations de la première guerre mondiale. Cette station a été construite depuis 1914 sur l’initiative exclusive de l’Allemagne pour servir de lieux de commandement des opérations de la guerre. Elle devait non seulement assurer la liaison avec Nauen (Allemagne) mais aussi jouer le poste de station relais pour les colonies allemandes du Sud-ouest et de l’Est. p 64 Le constructeur et directeur de la grande station radio était un ingénieur autrichien, le baron Codelli. C’est aussi par cette liaison radio que le Dr. Solf, secrétaire d’Etat à l’administration coloniale du Reich, adressa le 2 août 1914 aux colonies son télégramme resté célèbre :  » A tous les gouverneurs : les grandes puissances s’efforcent de localiser la guerre serboautrichienne afin de maintenir la paix Europe. Rassurez les colons. » La revue « die Postgeschichte» décrit en détails les caractéristiques de cette grande entreprise technique réalisée dans les tropiques, entreprise tout à fait unique en son genre à l’époque : « Sur le terrain réservé à la radio, de 4 km de long sur 3 km de large, se dressaient neuf pylônes géants, dont trois(3) mesuraient 75 m et 120 m de hauteur. La masse était constituée de 30 plaques de cuivre de 1m3 chacune. Comme autres constructions, faisaient partie de la station : 1-un bâtiment connecté à la station abritant le récepteur et les logements des fonctionnaires 2-Un poste émetteur avec réservoir d’eau et tour de refroidissement 3- Une chaufferie avec un dispositif d’épuration de l’eau 4- Un hall des machines à deux turbines. 5-Un tableau de commande spécial et un barrage-réservoir avec station de pompage et une briqueterie. 6-La maison du directeur de l’installation. » Le 25 août 1914, afin d’éviter que la station radio intercontinentale ne tombe entre les mains des forces ennemies, le personnel dynamita les pylônes et le bâtiment des machines. De ce fait, les différentes parties de cette station se trouvent éparpillées sur le site. Que reste t il alors de cette œuvre impressionnante? Le bilan est lourd. Un tour dans Kamina à notre époque nous révélera tout. Aussi vétuste soit-elle et nécessitant une réelle réhabilitation, la maison des officiers qui était le logement des fonctionnaires de la station à de l’époque a traversé le temps et est restée conservée. De cette maison, l’on peut observer la plénière des ruines des canons et turbines. Les fameux canons de la première guerre mondiale sont disposés à même le sol, n’ayant pas bougé d’un iota depuis des siècles. Une rangée de turbines jonchant le sol donne sur un sous-sol et depuis ce point, se distingue facilement le dernier des neuf pylônes de l’époque. Ces ruines devraient être la coqueluche de la ville car elles possèdent les vérités du passé. Quartier touristique est synonyme de quartier développé. Cependant, bien que riche de son patrimoine, Kamina ne parvient pas, malgré tout à sortir de sa vie rurale et à s’intégrer en tant que tel dans la ville d’Atakpamé. Il n’a pas encore amorcé un développement qui soit en mesure d’améliorer de façon significative les conditions de vie de sa population. Cette situation paradoxale pourrait être imputable à bon nombre de facteurs dont le déficit en équipements d’infrastructures et de superstructures d’ailleurs pour la plupart en mauvais état, pourtant indispensables pour le bien-être des populations urbaines et rurales. Mais il faut le déclarer, le délaissement total de la filière du tourisme est une réelle erreur.KAMINA Le caractère transversal du tourisme et par voie de conséquence son effet multiplicateur montre que ce développement est tout à fait possible. Ce quartier constitue la nouvelle zone d’extension de la ville et le fait que le site ne soit pas mis en valeur montre les risques qu’il soit détruit avec l’extension urbaine. En effet, à l’exemple du quartier général évoqué plus haut, une grande partie des pylônes sont cassés et ses débris serviraient à la population environnante pour la construction de leurs bâtis. La dégradation continuelle de ce patrimoine si riche ne conduirait qu’à son déclin et à sa disparition totale en réduisant sa valeur et sa notoriété d’année en année, si aucune action de sauvegarde n’est entreprise. Il s’avère donc indispensable de rechercher un plan de développement de ce site tout en préservant ses potentialités. Ne pas se rendre compte de la valeur de ces richesses, c’est faire une grande bourde. Kamina doit se réveiller et se et sauver.

GERALDO Essi Farida ( Togo )

Cet article est en lice pour la première édition du Concours « Ils Font l’Afrique IFA ». Laissez un commentaire pour voter pour cet article.




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