La réorientation de Barkhane, le sujet est sur le bureau de la commission de Défense de l’Assemblée nationale française qui a rendu a rendu public, mercredi, son rapport d’information sur l’opération française au Mali.
Dans ce premier rapport rédigé depuis le début des opérations militaires dans la zone en 2013, les députés préconisent une réorientation de Barkhane dans les prochains mois en s’appuyant davantage sur les armées partenaires au Sahel. Une nouvelle doctrine qui, selon les députés, ne doit plus exclure totalement l’ouverture de négociations avec certains belligérants.
Au fond, il s’agit de trancher la question de la l’opportunité ou non de négocier avec les GAT, les groupes armés terroristes. Et sur cette question, la position française est restée inchangée. Pour Paris, « on ne négocie pas avec les terroristes ».
Mais la mission d’information de l’Assemblée nationale semble indiquer le sens inverse en laissant entrevoir la possibilité de négocier avec les GAT. Tout en prenant soin de fixer les limites à ne pas dépasser.
« Pour les forces armées, je pense que c’est difficilement compréhensible quand, dans la négociation avec les GAT, il y a des libérations, eux, ils ont l’impression de concourir à l’arrestation de personnes dangereuses, puis finalement, au détour d’une négociation politique, de relâcher ces mêmes personnes. Ça c’est quelque chose, pour la France, qui est compliqué à manager. Et effectivement, qui pourra peut-être amener à des prises de décision de la part du président de la République. Mais néanmoins, on ne peut pas d’un côté dire qu’il y a une liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et une nécessité vraiment que la transition démocratique se fasse et ne pas vouloir en payer le prix », explique Sereine Mauborgne, le rapporteur cité par RFI.
Les députés de la commission Défense plaident pour que les chefs terroristes soient neutralisés avant l’ouverture de toute négociation. Un prérequis espéré d’ici l’été, avant les annonces attendues sur une possible refonte de l’opération Barkhane.
Cette légère inflexion de la position française intervient au lendemain de la publication d’un rapport d’une cinquantaine d’ONG sahéliennes et internationales sur la situation sécuritaire dans le Sahel. Ces ONG proposent notamment une réorientation radicale du tout militaire qui a cours dans cette partie de l’Afrique depuis une dizaine d’années sans grands résultats tangibles.