Après trois ans de coopération, les deux présidents s’affrontent autour de la rébellion du M23, que Kinshasa estime soutenue par Kigali. Le 5 juin, le Congolais a, pour la première fois, publiquement mis en cause son homologue rwandais.
Paul Kagame et Félix Tshisekedi s’étaient promis de « construire des ponts et pas des murs » entre leurs deux pays.
« Les problèmes au Rwanda deviennent souvent des problèmes en RDC et vice-versa. On ne peut pas les résoudre seuls », avait affirmé le président rwandais alors qu’il rencontrait son homologue congolais pour la deuxième fois, le 26 mars 2019, à Kigali.
« Nos pays resteront voisins pour toute la vie […]. Se faire la guerre est une perte de temps », avait renchéri Tshisekedi.
Poussée de fièvre
La scène avait de quoi surprendre. Après des décennies de tension, Paul Kagame semblait jeter les bases d’une nouvelle relation avec son homologue, arrivé au pouvoir deux mois plus tôt.
Mais après avoir affiché leur bonne entente pendant près de trois ans, les deux voisins sont aujourd’hui à couteaux tirés.
Dans l’opinion congolaise, sur les réseaux sociaux et jusque dans l’entourage du président, le discours aux relents parfois xénophobes contre « l’agresseur rwandais » s’est intensifié.
Sur le terrain, plusieurs manifestations ont eu lieu pour exiger le départ de l’ambassadeur du Rwanda en RDC, Vincent Karega.
« On est de retour à la case départ », soupire un membre de l’entourage du chef de l’État congolais.
Cette poussée de fièvre est directement liée à la résurgence du M23, qui a repris ses attaques en novembre 2021 et qui affronte régulièrement, depuis la fin mars, l’armée congolaise (FARDC) dans le territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu.
Les rebelles, qui avaient fait tomber Goma en novembre 2012, se sont même brièvement approchés du chef-lieu de la province en atteignant, le 26 mai, le camp militaire de Rumangabo, leur QG il y a dix ans.
Avec Jeune Afrique