Après 22 bonnes années d’exercice du pouvoir, le chef de l’État rwandais, qui n’exclut pas d’être candidat à la présidentielle de 2024, reste fidèle à ses méthodes de gouvernance. Une réforme constitutionnelle adoptée en 2015 permet théoriquement à Paul Kagame de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
« J’envisage de me présenter pour 20 ans de plus, je n’ai aucun problème avec ça », a-t-il dit dans une interview accordée en juillet dernier à France 24.
« Les élections sont avant tout l’expression d’un choix du peuple », a ajouté le dirigeant rwandais, en réponse à une question sur son éventuelle candidature en 2024.
Naturellement, cette déclaration de Kagame a provoqué une levée de boucliers dans les rangs de l’opposition.
« Je pense qu’il est temps pour le président Kagame de passer le témoin. Lorsqu’il parle des citoyens rwandais qui choisissent, il faut qu’il ajoute que ce sont des citoyens rwandais déjà terrorisés, et qui sont depuis 28 ans sous le joug du Front patriotique rwandais [FPR, le parti présidentiel », a déclaré Bernard Ntaganda, président du parti d’opposition Social Imberakuri.
« Ce qui est surprenant, c’est que certaines personnes sont effectivement surprises. Le Rwanda est un pays où il est très, très dangereux de s’opposer au gouvernement, et encore plus d’être un opposant politique », a commenté de son côté le directeur de l’ONG Human Rights Watch pour l’Afrique centrale, Lewis Mudge.
Paul Kagame est l’homme fort du Rwanda depuis que le FPR a renversé, en juillet 1994, le gouvernement extrémiste hutu ayant déclenché un génocide qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité ethnique tutsi.
Il a d’abord été vice-président et ministre de la Défense, dirigeant de facto le pays, avant d’accéder à la magistrature suprême en 2000 suite à un vote au Parlement, et d’être réélu au suffrage universel pour des mandats de sept ans en 2003 et 2010.
La nouvelle Constitution a ramené la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, et limité à deux le nombre de mandats successifs à deux, mais elle a fait une exception pour Paul Kagame.