À moins d’un renversement de situation, Paul-Henri Damiba est désormais un ex-chef d’État. Le lieutenant colonel qui avait renversé Roch Marc Kaboré il y a tout juste huit mois, vient d’être évincé à son tour par les mêmes militaires qui l’avaient soutenu.
Et, les nouveaux maîtres de Ouagadougou commencent à afficher leurs intentions. Dans une déclaration lue à la télévision nationale burkinabè ce samedi 1er octobre, le porte-parole de la nouvelle junte a accusé la France de servir de base-arrière au président déchu pour préparer la riposte et tenter de reprendre le pouvoir. Selon le sous-lieutenant Jean-Baptiste Kabré qui a lu la déclaration, les nouveaux dirigeants ont « la volonté de se tourner vers d’autres partenaires pour lutter contre le terrorisme« . Lesquels?
La Russie probablement. Depuis quelques mois, des rumeurs font état de la présence des éléments du groupe Wagner au Burkina Faso. Le président déchu Paul-Henri Damiba qui avait fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité n’a pas réussi à tenir sa promesse et semblait dans une position d’ambiguïté quant à ses relations avec la France contre laquelle de plus en plus de voix s’élèvent au Burkina Faso.
On le sait tous, en Guinée comme au Mali surtout, la France n’est plus la bienvenue depuis l’arrivée au pouvoir respectivement des colonels Mamady Doumbouya et Assimi Goïta. Les deux officiers supérieurs ne cachent pas leur parfaite entente. À l’opposé, le lieutenant-colonel Damiba était perçu comme un putschiste mal inspiré qui n’est « ni Doumbouya ni Goïta« .
Le capitaine Ibrahim Traoré va-t-il marcher dans les pas des colonels guinéen et malien ou se frayer son propre chemin? Les slogans anti-français après le putsch de ce vendredi et qui rappellent l’épisode de Kaya en 2021 sont un indicateur que la soif de rompre avec l’ancienne puissance coloniale est aussi grande au Burkina Faso.