Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, le colonel Mahamat Said Abdel Kani a nié les faits devant la Cour pénale internationale, CPI.
Le procès du colonel Mahamat Said Abdel Kani, l’un des chefs de la milice centrafricaine Seleka s’est ouvert lundi dernier à la Haye. Tout au long de la première audience, le responsable de l’ex-coalition Seleka incarcéré à la Cour Pénale Internationale n’a pas eu de répit.Les procureurs ont déclaré que le colonel Said supervisait une prison dans la capitale Bangui où les détenus étaient battus et torturés.
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré aux juges au début du procès que la Seleka gouvernait « par la peur, par la terreur ». Dans la période des crimes reprochés, Karim Khan a déclaré que le colonel Said « exerçait un pouvoir immense » dans la prison qu’il dirigeait.
Selon le procureur Khan, le colonel Said « traquait activement les civils » et les amenait à la prison en sachant « quel cauchemar les attendait sous son contrôle », notamment la torture, la détention dans des « conditions putrides » dans une cellule souterraine connue sous le nom de « trou », sans nourriture ni eau.
Des accusations qui ont été rejetées en bloc par le détenu. « Je plaide non coupable de toutes les accusations et de toutes les situations », a déclaré Said, vêtu d’un costume gris foncé, aux juges.
La CPI a inculpé des dirigeants de la Seleka et des milices chrétiennes opposées connues sous le nom d' »anti-balaka ». Said est le premier membre présumé de la Seleka à passer en jugement.
Les crimes reprochés au « colonel » Saïd remontent à 2013. Une coalition de plusieurs partis, la Seleka, renverse le pouvoir du général François Bozizé. À la tête de cette coalition, un certain Michel Djotodia prend les rênes du pouvoir et décide de récompenser quelques-uns de ses commandants. Nourredine Adam hérite du portefeuille de la Sécurité publique, avec comme adjoint, le colonel Mahamat Saïd. Ce dernier dirige alors « au jour le jour » l’Office central de répression du banditisme (OCRB), d’après le mémoire de l’accusation.
Depuis l’ouverture du procès, les victimes se disent soulagés. « Pour nous, les victimes, nous pouvons dire que (l’ouverture) est un grand soulagement, et nous sommes très attentifs au procès à la CPI », a déclaré à Reuters Francine Evodie Ndemade, présidente d’une association de victimes de conflits militaires en RCA.
La République centrafricaine est embourbée dans la violence depuis qu’une coalition de rebelles majoritairement nordistes et majoritairement musulmans, connue sous le nom de Seleka, ou « Alliance » en langue Sango, a pris le pouvoir en mars 2013. Leur domination a donné naissance aux milices chrétiennes anti-balaka qui s’y opposent.
Essama Aloubou