Le décès de Soumeylou Boubé Maïga ravive les tensions entre le Mali et le Niger. Le président nigérien, Mohamed Bazoum, accuse les autorités maliennes d’avoir assassiné l’ancien Premier ministre, ce qui provoque de vives réactions à Bamako.
« Je viens d’apprendre avec consternation la mort de Soumeylou Boubeye Maiga, ancien Premier ministre malien. Sa mort en prison rappelle celle du Président Modibo Keita en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère. Mes condoléances à sa famille et ses amis« , a tweeté le président Mohamed Bazoum, à la suite de la mort du Premier ministre malien.
Réactions à Bamako
Pour Aboubacar Sidick Fomba, président de l’Alliance démocratique du peuple Malien (ADPD) et membre du Conseil national de transition (CNT, l’organe législatif de la transition), le président nigérien est « laquais » de la France qui mériterait d’être poursuivi pour ses propos.
« Nous rappelons à cet ancien rebelle du Mali venant de la Libye, soutien des démocraties à géométrie variable de se retenir et de se ressaisir. Cela est très important. Traiter les autorités de la transition « d’assassins » est une accusation très grave. Nous demandons aux autorités de la transition d’engager des poursuites judiciaires contre le président nigérien Mohamed Bazoum. Car parlant d’assassinat, cela voudrait dire qu’il a des preuves. Et, nous nous attendons à ce qu’il nous apporte ces preuves. Il doit être poursuivi pour cela« , exige Aboubacar Sidick Fomba.
« Porter de telles accusations suppose que vous détenez des éléments matériels. Or, à l’heure actuelle, il ne peut pas apporter d’éléments matériels autour de l’assassinat de l’ancien Premier ministre. Certes, il était en détention au moment de sa mort. Mais pour moi, le président du Niger est allé trop vite. Si aujourd’hui le gouvernement malien l’attaque en justice, il n’a pas d’éléments matériels pour attester ce qu’il dit », soutient, pour sa part, le blogueur Abdoulaye Guindo de la plateforme Benbere.
Dans le camp du Premier défunt, l’heure n’est pas à la polémique, mais au recueillement. Pour Abdina Karembe, président national des jeunes de l’ASMA CFP, le parti fondé par Soumeylou Boubèye Maïga, « on l’a beaucoup torturé« .
« Il est donc hors de question qu’on continue à le torturer. La famille a décidé qu’elle n’avait pas besoin d’autopsie. Aux dernières nouvelles, on demande à la famille de faire un écrit pour déclarer son renoncement à l’autopsie afin d’avoir la dépouille de l’illustre disparu. Si c’est par cette voie que nous devons passer pour avoir son corps, nous serons obligés de le faire à contrecœur bien sûr. En bon croyant, nous pensons que c’est bon. C’est Dieu qui en a décidé ainsi« , s’est-il résigné.
Le gouvernement malien, à travers un communiqué, a salué la mémoire » du grand serviteur de l’Etat, son engagement pour l’avènement de la démocratie au Mali et prie pour son repos éternel ».