L’ancien président burkinabé Blaise Compaoré sera à Ouagadougou en fin de semaine pour prendre part à une rencontre avec les anciens chefs d’État du Burkina Faso, sous l’égide du régime de transition, dans le cadre d’un processus de réconciliation. C’est la première fois que Blaise Compaoré remet les pieds dans son pays depuis son renversement par une insurrection populaire en 2014.
Alors que Blaise Compaoré a été condamné en son absence à la prison à vie, lors du procès de l’assassinat de Thomas Sankara, l’annonce de son retour suscite des réactions de part et d’autre.
Du côté de la famille Sankara, les avocats ont appelé ce mercredi les autorités burkinabés à procéder à l’arrestation de l’ex-chef d’Etat à sa descente de l’avion.
Si Blaise Compaoré n’est pas arrêté dès son arrivée sur le territoire burkinabè, cela signifierait « la faillite de notre système judiciaire », rappelle Maître Ambroise Farama, avocat des parties civiles.
Fruit d’une véritable volonté politique de la présidence, le retour de Blaise Compaoré revêt plutôt un sens positif du côté du pouvoir. « Le président Damiba comprend que l’ensemble des Burkinabè souhaitent une réconciliation nationale pour qu’ensemble et unis, nous puissions faire face aux groupes terroristes », explique l’ex-chef de file de l’opposition et président du Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti de l’ancien président.
La grâce présidentielle pour sceller la réconciliation nationale
Pour Lassané Sawadogo, secrétaire exécutif du Mouvement du peuple pour le progrès, « on peut recourir à des dérogations dans le cadre de la réconciliation. Mais pour cela il y a des procédures à diligenter, sans quoi ce retour serait contre-productif ». Et, la grâce présidentielle fait partie de ces procédures.
Accorder la grâce présidentielle à Blaise Compaoré, ce « serait un défi à la justice », et cela montrerait que « le régime putschiste se sert de l’alibi terroriste pour forcer une réconciliation amnésie », réagit Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara.
Pour rappel, Ouagadougou avait toujours demandé l’extradition de Blaise Compaoré, une requête que la Côte d’Ivoire a toujours refusé au motif qu’elle n’extrade pas ses ressortissants. En effet, le président ivoirien Alassane Ouattara a accordé la nationalité ivoirienne à Blaise Compaoré.
Pendant son séjour, l’ancien président résidera dans une villa d’Etat dans laquelle avait été placé en résidence surveillé le président Roch Marc Christian Kaboré.