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Macky Sall chez Poutine: l’échec de la tournée africaine d’Olaf Scholz

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Macky Sall était chez Vladimir Poutine en fin de semaine dernière. Ce voyage du président en exercice de l’Union Africaine à Moscou intervient seulement quelques jours après la visite du Chancelier allemand Olaf Scholz au Sénégal, au Niger et en Afrique du Sud.

Mais diantre! qu’est-ce que Macky Sall est allé chercher auprès de « l’indésirable » Poutine? Pourraient se demander les pourfendeurs du patron du Kremlin qui mène une guerre atroce à l’Ukraine depuis plus de trois mois. Pour le président sénégalais, l’Union Africaine a son mot à dire dans ce conflit; d’où l’importance de sa visite. Le voyage en Russie « s’inscrit dans le cadre des efforts que mène la présidence en exercice de l’Union pour contribuer à l’accalmie dans la guerre », explique Macky Sall.

« Je pense que l’Afrique va peser de plus en plus. Le monde d’aujourd’hui est multipolaire, et l’Afrique le prend en compte, elle veut s’imposer. On l’a vu lorsqu’il y a eu les votes aux Nations-Unies contre la guerre de la Russie en Ukraine. S’ils n’ont pas ouvertement soutenu la Russie, un certain nombre de pays africains se sont abstenus et n’ont pas condamné l’invasion. En particulier des pays comme l’Afrique du Sud, qui notamment depuis la période de la guerre froide et de l’Aparthied, ont une tradition anticoloniale et non alignée« , analyse le journaliste Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. 

La volonté de la diplomatie africaine de peser dans la balance pour la fin de la guerre se confirme davantage par le fait que l’UA a « accepté la demande du président Volodymyr Zelensky d’adresser un message à l’organisation par visioconférence ».

En compagnie du président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, Mack Sall veut également négocier « la libération des stocks de céréales et de fertilisants dont le blocage affecte particulièrement les pays africains ».

Poutine le lui rend bien

Le président Macky Sall a rappelé que la visite en Russie s’est faite « à l’invitation de Vladimir Poutine ». Et le dirigeant russe a tenu à réserver au patron de l’UA un accueil digne de son rang. Par un jeu de communication. Contrairement à la table nue et aux couleurs froides de six mètres qui séparait Vladimir Poutine d’Emmanuel Macron en janvier dernier, c’est un guéridon ébène circulaire garni d’un bouquet blanc, jaune et rose qui séparait Poutine et Sall d’une distance d’à peine d’un mètre.

Poutine a assuré le président en exercice de l’UA de la disponibilité de son pays à accompagner l’Afrique dans son combat contre le « colonialisme« .

Un camouflet pour Olaf Scholz et le bloc occidental

Il y a quelques jours, le chancelier allemand a rendu visite à Macky Sall puis aux présidents nigérien et sud-africain, officiellement pour plaider en faveur d’un renforcement de la coopération avec le continent, notamment en matière de transition énergétique. Mais, de l’avis de certains observateurs, la tournée du dirigeant allemand visait plutôt à faire pression sur l’UA pour qu’elle se range du côté de l’Occident dans la guerre entre la Russie et les États-Unis (avec procuration à l’Ukraine), et ayant entraîné le suivisme de l’UE. Faire pression sur l’UA pour que Macky Sall se rende à Kiev pour y rencontrer Volodymyr Zelensky qui cherche à rallier le plus grand nombre de pays à sa cause, pour lui permettre de s’adresser aux chefs d’Etats du continent comme il l’a fait avec les pays occidentaux et leurs alliés, ferait également partie de l’agenda de M. Scholz, soupçonnent certains analystes politiques.

Mais les pays africains ont plutôt pris le contre-pied des Occidentaux, notamment en adoptant une position de neutralité dans la guerre Russie vs USA, avec l’Ukraine comme simple champ de bataille (comme Waterloo). Le plaidoyer pour la négociation et le dialogue en vue d’un cessez-le-feu rapide, plutôt que de mettre de l’huile sur le feu, comme le font Joe Biden et ses alliés occidentaux par des sanctions contre la Russie et le surarmement de l’Ukraine – bon business des armes, surtout pour les USA-, la médiation entre les belligérants, en prenant surtout en compte l’intérêt des pays africains,  c’est-à-dire la fourniture des céréales et des fertilisants, sont la preuve que le message d’Olaf Scholz à Dakar, Niamey et Pretoria n’est pas passé.

La suite maintenant?

Pour une fois, les pays africains – excepté quelques brebis galeuses parmi les dirigeants du continent – ont eu le courage de dire non à la pression des lobbies occidentaux et de prendre en compte leurs propres intérêts. Macky Sall s’impose désormais comme un médiateur incontournable dans la crise ukrainienne. Mais cette médiation ne portera son fruit que si le dirigeant sénégalais rend la même visite à Joe Biden qui semble avoir fait de cette guerre une affaire personnelle. Une visite à Kiev n’aura qu’une portée très limitée. Dans ce conflit, l’Ukraine est à la Russie ce que le Koweït fut à l’Irak, un petit poucet manipulé pour provoquer un géant dans la mire des USA. Et comme l’a rappelé récemment le président Macron, la solution à la guerre en Ukraine ne passera pas par « l’humiliation » de la Russie.

Il est important pour d’Afrique de continuer d’éviter d’importer cette guerre sur le continent. Elle est loin des intérêts de ses peuples. Dans cette guerre, même les dirigeants du Niger et du Mali doivent éviter de se faire manipuler contre les intérêts de leurs peuples respectifs. L’Afrique doit désormais savoir où se trouvent ses intérêts.




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