Au Togo, l’incarcération depuis mercredi de Loïc Lawson, directeur de publication du journal Flambeau des Démocrates, et Anani Sossou, journaliste freelance, dans l’affaire dite des « 400 millions » continue de susciter une avalanche de réactions au sein de l’opinion nationale et internationale.
Au nombre des condamnations, celle de Fulbert Attisso, retient l’attention.
Dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux, le président du parti « Togo Autrement » affirme mordicus que « l’arrestation des deux journalistes ne fait du bien à personne ».
Bien au contraire, « elle obscurcit l’image du Togo, cité parmi les pays ayant les meilleurs codes de la presse et entache la réputation d’homme de Dieu du ministre d’État Kodjo Adedze ».
Selon Fulbert Attisso, « les deux journalistes emprisonnés n’étaient pas obligés de recouper l’information du moment où elle n’est pas publiée dans un journal (presse écrite et en ligne) ou à la radio ou encore à la télé ».
Lire l’intégralité de sa tribune :
« IL FAUT LIBERER LOIC LAWSON ET ANANI SOSSOU »
Par Fulbert Sassou ATTISSO, Écrivain et communicateur
L’arrestation des deux journalistes Loïc Lawson et Anani Sossou ne fait du bien à personne. Au contraire ! Cette arrestation obscurcit l’image du Togo, cité parmi les pays ayant les meilleurs Codes de la presse et entache la réputation d’homme de Dieu du Ministre d’État Kodjo Adedze plus que l’aurait fait l’affaire de l’argent retrouvés à son domicile, si tant est que ce narratif est avéré. Mon propos n’est pas d’excuser les journalistes quant à la véracité ou non de leur publication, mais plutôt de soutenir qu’ils ont le droit à l’erreur. Les deux journalistes ont commis une erreur ! L’erreur est inhérente à la nature humaine et est le premier droit de l’Homme.
Il est important de savoir que Loïc Lawson et Anani Sossou n’ont pas été arrêtés dans l’exercice de la profession de journaliste. Même si les deux portent le titre de journaliste, il faut faire observer que ni l’un ni l’autre n’a publié l’information incriminée dans un média officiel. Le journaliste n’agit dans le cadre professionnel que s’il publie son information dans un support autorisé par l’État : la presse, la radio, la télévision ou un journal en ligne. Dans le cas d’espèce, les deux journalistes ont fait connaître leur information à travers les réseaux sociaux. L’un a fait un tweet et l’autre a utilisé facebook. Les réseaux sociaux, bien qu’ils soient des médias qui ont de grandes audiences, ne sont pas reconnus comme les outils classiques du journalisme. Ils n’imposent pas au journaliste le principe sacro-saint de la vérification obligatoire et du recoupement de l’information avant la publication. Ceci dit, toute information rencontrée sur les réseaux sociaux est à prendre avec des pincettes. Au demeurant, il y a plus de fausses informations sur les réseaux sociaux que de vraies, et c’est connu de tous.
Loïc Lawson et Anani Sossou ont publié l’information concernant le Ministre d’État Adedze sur les réseaux sociaux et ils ont le droit à l’erreur comme tous les utilisateurs et usagers de ces canaux d’information. Ils se sont comportés comme le citoyen ordinaire qui colporte la première information qu’on lui donne. On peut même soutenir qu’ils ont été précautionneux de ne pas avoir utilisé les médias classiques d’autant plus qu’ils n’avaient pas recoupé l’information. Les deux journalistes auraient commis une faute professionnelle grave s’ils avaient rendu publique leur information dans des journaux ou sur des chaînes de radio et de télévision agréés par l’État.
Au nom du droit à l’erreur, le Ministre d’État peut se rétracter, afin de permettre au Procureur de la République de prononcer la levée d’écrou pour libérer les deux journalistes. Le Ministre Adedze, en tant qu’homme de Dieu, sait que ce qu’on raconte finit toujours par se révéler, soit comme un mensonge ou une vérité. FIN