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Pedro Novo, Directeur exécutif Export de Bpifrance : « Notre Fonds franco-africain vise à fertiliser les PME et co-entreprises d’Afrique et de France »

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LE DOSSIER DU 1er FORUM AMBITION AFRICA (Paris-Bercy, 22-23 octobre)

29 octobre 2018
Pedro Novo, Directeur exécutif Export de Bpifrance, durant son intervention au grand Forum Ambition Africa (Paris-Bercy, 22-23 octobre). © Benjamin Reverdit
L’Afrique porte une bonne part des espoirs de la croissance mondiale, mais l’écart entre les besoins de financement des entreprises et les capacités mises à leur disposition reste gigantesque. Comment faire pour financer les entreprises africaines ? Tel était le thème d’une table ronde du grand Forum Ambition Africa qui s’est déroulé à Paris-Bercy, les 22 et 23 octobre, et auquel ont participé plus de six cents entreprises de France et d’Afrique.

par Benjamin Reverdit, pour AfricaPresse.Paris»>.

Le financement des TPEPME est présenté comme une priorité par bon nombre de bailleurs de fonds, qu’ils soient des opérateurs privés ou des institutionnels publics.

Cependant, malgré des contributions internationales conséquentes – par exemple de la France, qui investira 1 milliard d’euros supplémentaires dans les PME d’Afrique sur la période 2018-2022, via différents canaux (Proparco, Fisea 2, Averroès Finance IV, Fonds franco-africain, Facilité pour le numérique) –, on reste bien sûr très loin du compte pour un Continent aux besoins titanesques, démultipliés par la croissance exponentielle d’une population qui génère 30 millions de jeunes demandeurs d’emploi supplémentaires par an. 
Or, plus personne ne le conteste, ce sont les TPE et PME qui créent le plus d’emplois… et ce sont donc elles qu’il faudrait financer.

Trois écueils majeurs
au financement des PME d’Afrique

Malheureusement, des obstacles considérables freinent leur capacité à emprunter, et c’est là un point du consensus qui s’est fait jour parmi les panélistes de cette table ronde ad hoc, lesquels ont identifié trois écueils majeurs.

D’abord, la structure du capital de nombreuses PME africaines, qui est souvent collective, familiale et patrimoniale. Cette caractéristique crée une forte asymétrie d’informations entre les emprunteurs et prêteurs éventuels, ce qui tend fortement à dissuader ces derniers.

À cela s’ajoute la qualité très incertaine des garanties présentées sur les opérations de financement, avec notamment un très gros enjeu sur la fiabilité des titres fonciers, si souvent contestés.

Enfin, autre difficulté majeure, la plupart des PME d’Afrique vivent sous la menace d’un véritable risque fiscal. Car plus de 85 % d’entre elles, établies dans l’« informel », craignent en effet de se faire « matraquer » par le fisc dès lors qu’elles se formaliseraient… et c’est notamment pourquoi ce système perdure, avec quelque 60 % du PNB d’Afrique produit par des TPE et des PME demeurant dans le secteur informel, lequel absorbe d’ailleurs encore 80 % des jeunes qui arrivent sur le marché du travail.

L’accompagnement, indispensable
pour surmonter
les freins au financement

Face aux problèmes récurrents de financement, l’accompagnement des entreprises prend toute son importance dans la réussite des projets de financement. Les États ont ici leur rôle à jouer, en épaulant notamment un secteur privé bancaire dont on sait qu’il n’est pas, seul, en capacité de financer totalement les PME.

Selon Pedro Novo, Directeur exécutif chargé de l’Export à Bpifrance, « On évoque les difficultés des PME à se financer, mais il faut aussi dire que la plupart des établissements bancaires ne sont pas prêts à octroyer des crédits à cinq ans. Il est donc aussi important de participer à la structuration du paysage bancaire en offrant des dispositifs de garantie pour parvenir à dupliquer un modèle de banque publique dans les États prêts à jouer le jeu de la montée en puissance de l’entrepreneuriat, et d’accompagner la transition de l’informel vers le formel. »

De gauche à droite : Zineb Abbad El Andaloussi, Partner chez Helios Investment Partners LLP Benoît Gauthier, Conseiller économique, chef de service Afrique de l’Est et Océan Indien à la DG Trésor Arnaud Ventura, Founder & CEOBaobab Pedro Novo, Directeur exécutif chargé de l’Export à BPI France Djalal Khimdjee, Directeur général délégué, Proparco Cathia Lawson Hall, Directrice de la relation client, Banque d’investissement pour l’Afrique de la Société Générale, modératrice de la table ronde. © Benjamin Reverdit

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À titre d’exemple, le Fonds franco-africain de Bpifrance – créé en janvier 2017, doté de 33 M€, il est le premier fonds transfrontalier entre l’Afrique et la France – participe activement à cette dynamique nouvelle d’accompagnement, par ses caractéristiques « cross border » qui irriguent en fonds propres tout un nouvel écosystème : 50 % de l’assiette du fonds sont adressés à des entreprises françaises qui se projettent en Afrique, et les 50 % restants visent des fonds d’investissement présents sur le Continent, via notamment le fonds Africinvest.

Pour Pedro Novo, « l’objet de notre Fonds franco-africain est de fertiliser de manière croisée et de plus en plus les PME des deux zones, Afrique et France, de sorte que dans la durée, des collaborations s’installent, des co-entreprises se forment et que, petit à petit, cette montée en compétence s’opère à travers les entrepreneurs eux-mêmes. »

L’aide publique au développement,
un catalyseur pour l’investissement privé

Croissance économique, inclusion sociale et protection de l’environnement forment les trois axes des 17 Objectifs du développement durable (ODD) et de la réduction de la pauvreté.

L’inclusion financière des populations est l’une des facettes de cette problématique. Selon Djalal Khimdjee, Directeur général délégué de Proparco, c’est là un paramètre auquel la filiale de l’AFD dédiée au secteur privé, attache une importance décisive : « Aujourd’hui, quand on finance un projet, on va regarder sa durabilité sur plusieurs dimensions. Économique et financière évidemment, mais aussi une durabilité en matière d’empreinte écologique et d’empreinte sociale. »

C’est pourquoi, poursuit-il, « Nous développons toute une gamme de produits pour travailler avec les institutions financières locales et de microfinance. Avec Bpifrance, c’est ce que l’on tache de mettre en œuvre, dans la ligne de l’engagement pris par le président de la République, en novembre 2017 à Ouagadougou : investir 1 milliard d’euros d’ici à 2022 en capitaux propres dans les PME africaines. »

Reste qu’aujourd’hui, comme le relève encore Djalal Khimdjee, « l’aide publique mondiale représente près de 150 milliards de dollars par an, mais les besoins pour atteindre les ODD se comptent en trilliards ! L’aide publique au développement n’y suffira pas, on n’a donc pas le choix : plus que jamais, l’APDdoit agir comme catalyseur de l’investissement privé. »

Une vision d’autant plus réaliste qu’aujourd’hui nombre d’États africains se trouvent à nouveau confrontés à un ré-endettement public accéléré.




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