Situé près du Fort de Babylone, donnant sur Ain Al-Sira au cœur de la ville historique de El-Fustat dans l’ancienne région du Caire, le musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) est l’une des attractions touristiques de la ville la plus peuplée d’Afrique avec une population de presque 20 millions d’habitants. S’étendant sur une vaste superficie, l’espace d’exposition de 23 235 m2 renferme des milliers d’artefacts qui retracent les étapes du développement de la civilisation égyptienne depuis la période prédynastique jusqu’à l’époque contemporaine. C’est le premier musée entièrement consacré à l’histoire de la civilisation égyptienne.
Construit dans une architecture ultramoderne, l’imposante musée présente une riche collection de centaines de milliers d’objets propres à la civilisation égyptienne archaïque, antique, pharaonique, gréco-romaine, copte, médiévale, islamique, moderne et même contemporaine dont des statues de l’Antiquité, des poteries, des textiles et autres vêtements traditionnels égyptiens portés par les femmes du Sinaï et de l’oasis de Siwa, des bijoux ainsi que d’autres objets de la vie quotidienne des populations de ces différentes époques.
Mais au sein du musée, c’est la galerie des momies royales qui suscite l’intérêt des visiteurs.
La momification dans l’Egypte antique
Dans l’Égypte antique, la conservation du corps d’un humain ou parfois d’un animal à travers la technique de momification faisait partie du rituel funéraire et revêt une importance hautement symbolique puisque les Égyptiens croyaient en l’immortalité. La mort, selon leur croyance, n’est que la séparation entre le support matériel et les éléments immatériels : le ba qui correspond à la personnalité, l’ânkh qui représente le souffle vital et le ka l’énergie vitale (Françoise Dunand et Roger Lichtenberg, Les Momies : Un voyage dans l’éternité). Il fallait donc conserver le corps pour que le ba et le ka puissent s’y réincarner pour sa nouvelle vie.
Même si la momification était pratiquée dans plusieurs régions du monde, l’Égypte en est le principal berceau, tant au niveau de la perfection des techniques que dans son art (Amandine Marshall, Sur les origines de la momification égyptienne). Ayant subi diverses améliorations au fil des années, la technique de momification n’atteint vraiment sa perfection que durant la période du Nouvel Empire où on « parvient à conserver au visage son expression, ce qui est une grande nouveauté, les momies antérieures n’offrant que des téguments noircis collés au squelette. » (Dictionnaire de la civilisation égyptienne, 1992).
Ainsi, les momies réalisées au cours des XVIIIe et XIXe dynasties sont les plus belles parce qu’elles ont su conserver l’expression du visage : c’est le cas de Thutmose I (de 1504 à 1492 av. J.C), Amenhotep I (de 1525 à 1504 av. J.C), Ahmose Nefertari (de 1550 à 1525 av. J.C), Merenptah (de 1213 à 1203 av. J.C) Seté II (de 1200 à 1194 av. J.C) entre autres ; mais la plus célèbre de toutes est celle de Ramsès II.
Dans une lourde atmosphère de silence, les visiteurs peuvent admirer les restes momifiés de Ramsès II, 3ème pharaon de la XIXe dynastie égyptienne ayant eu le règne le plus long de l’Égypte antique (soixante-six ans de règne, de 1279 à 1213 av. J.-C.) et considéré comme l’un des plus puissants pharaons de l’Égypte antique. Les momies de princes, de rois et de reines ont de tout temps été considérées comme des œuvres d’art en Egypte.
Les célèbres momies royales de l’Egypte
Dans cette galerie qui donnent aux visiteurs l’impression de se rendre dans un tombeau royal souterrain, les momies de dix-huit rois et de quatre reines ayant régné entre la 17e et 20e dynastie sont exposées avec une brève biographie et, dans certains cas, des images de scanners.
Les restes de ces rois et reines d’Egypte très renommés dont la plupart n’ont entendu parler que dans des cours d’histoire à l’école sont visibles dans des chambres à azote après avoir été isolés des cercueils qui les ont transportés et des vases canopes.
Les visiteurs pourront y découvrir également le fameux cercueil de Nedjemankh, disparu durant la révolution du Printemps arabe en 2011 et récemment retourné à l’Egypte après avoir été au préalable vendu frauduleusement au Metropolitan Museum of Art de New York. Le sarcophage doré du célèbre prêtre égyptien du Dieu-Bélier Heryshef d’Herakleopolis est artistiquement décoré de scènes et de textes hiéroglyphiques et remonte au 1er siècle avant notre ère.
C’est lors de la majestueuse procession dite « Parade dorée des Pharaons » que les vingt-deux momies aujourd’hui exposées dans la galerie des momies royales ont été transportées du musée de la place Tahrir où elles étaient préalablement conservées jusqu’au musée à l’occasion de l’inauguration du musée qui eut lieu le 3 avril 2021.
Environ soixante mille objets de toutes sortes dont des statues et statuettes, des fausses portes, des stèles, des vases, des outils de défense, des peintures murales etc. racontant l’histoire de l’Egypte sont exposés au Musée national de la civilisation égyptienne (NEMC) considéré comme l’un des musées d’antiquités les plus importants et les plus grands au monde.
Le musée expose par ailleurs des pièces des périodes gréco-romaine et copte, des objets de l’ère islamique, notamment le couvercle et la clé de la Kaaba. Tout a été conçu pour réveiller la conscience archéologique et redéfinir le rôle clé de l’Égypte dans l’histoire de la civilisation humaine.