BizME.fr Freelances, plus forts ensemble.
Accueil / A la Une / « La France ne dispose plus des moyens de ses ambitions en Afrique », un universitaire camerounais
Achille Mbembe,605

« La France ne dispose plus des moyens de ses ambitions en Afrique », un universitaire camerounais

Partagez ceci :

L’influence de la France en Afrique a connu une régression significative ces dernières années, selon l’universitaire et historien camerounais Achille Mbembe. Dans une interview accordée à Politis.fr, il met en lumière les raisons derrière le déclin de la France en Afrique et la montée de nouveaux acteurs géopolitiques sur le continent.

Selon Achille Mbembe, la France ne peut plus imposer sa volonté à ses anciennes colonies, que ce soit sur le plan militaire, politique, moral, ou culturel.

Cette perte d’influence est exacerbée par l’émergence de nouveaux acteurs géopolitiques tels que la Russie, la Chine, la Turquie, le Brésil, l’Inde, et les pays du Golfe.

De plus, un changement démographique et générationnel important est en cours en Afrique, avec une majorité de jeunes aspirants à une véritable souveraineté et à l’amélioration de leurs conditions de vie sur le continent.

« La France ne dispose plus des moyens de ses ambitions en Afrique. Elle n’est plus en état d’imposer sa volonté à ses anciennes colonies, ni sur le plan militaire ni sur le plan politique, et encore moins sur le plan moral et culturel. Beaucoup évoquent par ailleurs l’irruption, dans ces régions, de nouveaux acteurs géopolitiques, la Russie et la Chine en particulier, mais aussi la Turquie, le Brésil, l’Inde, les pays du Golfe. Le plus important peut-être, c’est le basculement démographique et générationnel. Une majorité de jeunes aspirent à une réelle souveraineté et à la transformation de leurs conditions de vie en Afrique même », a indiqué Achille Mbembe dans cet entretien.

La France est aujourd’hui confrontée à une perte de crédibilité en Afrique, qui se manifeste par un phénomène appelé le « néosouverainisme ». Les coups d’État militaires, de plus en plus fréquents, sont le reflet de ce nouvel état d’esprit. Le néosouverainisme est un mouvement qui favorise les acteurs endogènes et renverse les rapports de force historiques en faveur des Africains eux-mêmes.

Achille Mbembe explique que les jeunes générations africaines voient les systèmes hérités de la colonisation comme un obstacle à leur développement. Les espoirs d’une véritable révolution sociale sont souvent déçus, ce qui pousse certains à soutenir ou à participer à des coups d’État pour provoquer des changements au sommet de l’État ou une alternance générationnelle.

Dans ce contexte de néosouverainisme, la France et d’autres acteurs externes sont relégués au second plan. Les conflits qui émergent, en particulier autour du contrôle des ressources naturelles et économiques, se déroulent de plus en plus entre les Africains eux-mêmes.

En conclusion, la France fait face à une nouvelle réalité en Afrique, marquée par la montée du néosouverainisme, la perte de crédibilité et d’influence, et la quête des jeunes générations africaines pour une meilleure gouvernance et une réelle souveraineté.

Cette évolution signifie que l’Afrique entre dans une nouvelle ère de son histoire, où les acteurs endogènes joueront un rôle de plus en plus central dans la définition de son avenir.




One comment

  1. ce que vous ne voyez pas venir du tout, c’est que le souverainisme monte surtout en France avec cette perspective particulière: peu importe la présence ou l’influence française en Afrique car ce qu’on voudrait surtout c’est que la France ne devienne pas.. africaine!

    Tant mieux si les ponts sont coupés avec l’Afrique de l’Ouest, et si la France se réoriente vers des pays non africains -comme l’Inde ou la Corée du sud- et que cesse l’invasion des immigrants africains souvent islamisés qui nous colonisent ici!

    nous ne voulons pas devenir une autre Afrique et je pense que les prochaines élections françaises feront bien parvenir haut et fort ce message

Traduction »