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Le hip-hop en Zambie

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hip hopLe hip-hop zambien a connu une évolution intéressante. Bien qu’en matière de styles et de modes vestimentaires, ce genre musical soit inspiré de l’Occident, ses origines véritables reflètent la culture africaine. L’art du chant et de la poésie d’éloge était un trait commun dans les diverses cours royales et cérémonies traditionnelles en Afrique. Transplanté plus tard dans les Amériques pendant la traite négrière, cet art a évolué de génération en génération vers ce qu’on appelle maintenant le hip-hop.

Ce texte donne un aperçu de l’évolution du hip-hop en Zambie, un pays où tout habitant connaît déjà dès son plus jeune âge certains rythmes et comptines populaires, soit pour accueillir les premières pluies, soit simplement pendant les sessions de chants et de danses à l’école maternelle.
Les origines

En Zambie, le hip-hop moderne a émergé entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 avec la chanson « Rapper’s Delight » du groupe américain et le début des années 1980 avec la chanson « Rapper’s Delight » du groupe américain Sugarhill Gang, qui fut un grand succès sur la scène disco locale. L’arrivée du disco à l’époque a repoussé le Zam-Rock, la version zambienne du rock ‘n roll, hors des pistes de danse. Les jeunes musiciens de l’époque sont inspirés par les succès disco.

Étant naturellement ancré dans la société africaine, le rap apparaît dans quelques tubes zambiens dans les années 1980. Par exemple, dans les chansons à connotation politique «Olemekezeka» et «Sansakuwa» de RikkiIlilonga ; dans «ChendaMundeke» d’Oliya Band et également dans « Judgement Day » de Paul Ngozi et « Chimbayambaya » de PK Chisala.

Au début des années 1980, RusikeBrothers, un groupe basé à Lusaka (avec ses origines dans la région minière du Copperbelt) s’aventurait dans le genre boogie / disco / hip-hop avec des performances vocales et scéniques qui titillaient l’oreille des mélomanes. Le groupe, géré par leur père, le journaliste d’origine zimbabwéenne Abby Rusike, a été façonné sur l’image des Jackson Five. Leur chanson « Saturday Night » est devenu un énorme succès dans les discothèques zambiennes et zimbabwéennes.Les rockers influents du groupe WITCH, affecté par la disparition du zam-rock, ont décidé d’embrasser le disco pour attirer un public plus jeune comme avec leurs deux tubes « Moving On » et « Kuomboka ». Chisembele, un danseur populaire et sosie de Michael Jackson. Chisembele est inclusdans la nouvelle version de WITCH. Patricka va ensuite créer un groupe de danse culte appelé Chemanganya (souvent abrégé Chema). Ils sont parmi les premiers à expérimenter le fait de rapper dans les langues locales.

Les années 90: L’émergence du Zed hip-hop

Le rappeur Omart est le premier à avoir sorti le premier album de rap local, Your Love en 1993 sur son label Rota Music. Celui-ci comporte des morceaux comme « Mummy », « Lay Off »’ et « LikeI’m Just Talking’ ». Tout l’album est rappé en anglais.

La fin de l’apartheid en Afrique du Sud en 1994 a ouvert de nouvelles portes et de nouvelles opportunités à la scène musicale zambienne qui était alors dominée par le kalindula, un genre essoufflé et la rumba congolaise. Le kwaito, un style de rap venu des townships, ces banlieues noires sud-africaines, a envahi les ondes de l’Afrique australe en partie grâce à la chaîne de télévision satellitaire diffusé par DSTV, Channel O. De nombreux jeunes artistes zambiens, initialement inspirés par des artistes américains comme MC Hammer et Tupac Shakur ainsi que par les artistes jamaïcains tels que Shabba Ranks et Buju Banton, ont ainsi tourné leur attention vers des groupes sud-africains tels que Boom Shaka et TKZee.

Parallèlement, d’autres genres musicaux comme Gidi Gidi Maji Maji du Kenya et le Bongo Flava., la version tanzanienne du hip-hop, ont envahi la scène musicale zambienne au même moment. Des artistes zambiens comme Danny, Mainza et K’millian se souviennent comment ils se sont précipités en Afrique du sud avec leurs maquettes en anglais et sont revenus bredouilles, sans pouvoir convaincre les maisons de disques sud-africaines en raison de l’émergence du kwaito. Rapper en langues locales était devenu alors la seule alternative et cela a fonctionné. Pour créer leur propre identité, comme l’ont fait leurs prédécesseurs avec le zam-rock, le terme zam-ragga (appelé également zed-hip-hop) a été inventé pour représenter la nouvelle scène locale de rap, R&B et hip-hop.

Le 24 octobre 1998, SugarShacksSounds et Tiyende Magazine ont organisé le concours ‘Rap for a Million’ à la piscine Olympia de Lusaka. L’événement a attiré une dizaine de groupes, des duos et des artistes solos. C’est le duo DarkSyde qui a gagné la cagnotte de 1000 Kwacha. Ce concours qui a également propulsé une multitude d’artistes émergents a été un succès tel que le propriétaire du magazine et le promoteur Chisha Folotiya ont eu l’idée de créer le label Mondo Music Corporation et de lancer leur première anthologie de hip-hop / rap, The Rythm Nation Project. Sur le cd figurent des artistes tels que Black Muntu, Shatel, Tribal Cousin, Lindi, Mainza, Daddy Zemus, Joe Chibangu, C.R.I.S.I.S et ChiluLemba.

Pendant ce temps, un autre label, Cypher Music, a révélé des artistes tels qu’Alubusu, Mampi et Slap Dee À la télévision locale, des groupes prometteurs comme Rap Prophets (‘Take Time to Pray’) et Nasty D(‘Shanty, Shanty’ et ‘GuduMililie’) sont apparus sur la scène hip-hop locale.

Un des albums qui a été déterminant dans l’histoire du rap zambien est Wisakamana (1991) de Black Muntu (un duo composé de de MwembeChulu et Leo Bweupe) et Kokoliko (2002). On ne peut parler d’albums déterminants sans évoquer également Chibaba du défunt Daddy Zemus (1999) et l’album éponyme de JK (2001). Les best-sellers du label Mondo ont aidé à ‘zambianniser’ le hip-hop comme avec l’album NyanjalizeBembalize (1999) de Nasty D.Le hip-hop zambien aujourd’hui

Le hip-hop en Zambie connaît une croissance constante au cours de ces dernières années, avec divers sous-genres adoptés par les artistes zambiens. Par exemple, MC Wabwino rappe en mélangeant un style traditionnel appelé chikunda/nsenga mêlée à larumba.Tandis que Mozegater s’inspire des sons de son enfance avec la musique chiunda. «Chikokoshi» de Mozegeter, «Elyoni» de JK et «My Jane» de Danny font appel au répertoire musical rural et urbain, passés et présents.

La Zambie a également des artistes hip-hop comme Zone Fam,, C.R.I.S.I.S, Roberto et Cactus Agony qui imite le style occidental. Un autre style, appelé boostele s’inspire des chants des animateurs et supporters lors des compétitions sportives.

Il est intéressant de noter que de nombreux styles régionaux ont également vu le jour. Le plus populaire est le KopalaSwag issu de la région de Copperbelt (‘kopala’ étant un nom utilisé localement et désignant le cuivre). Ce mouvement comprend des artistes comme Macky 2, Chef 187, Dandy Krazy, Afunika, Baska, Krummy et plus encore. Dans le nord du pays, il y a le Kasama Swag, qui a produit des artistes tels qu’Alphonso.

Les maisons de disques zambiennes doivent encore faire des efforts pour atteindre l’énorme succès commercial qu’ont connuleurs prédécesseurs dans les années 70 et 80 avec la défunte maison de disque,Teal Records et Zambia Music Parlour. Bien que Mondo Music, Muvi Studios et Cypher Music aient repris le flambeau dans les années 1990, la plupart des labels et des studios d’enregistrement actuels sont des petites entreprises qui dépendent énormément de la technologie moins coûteuse, offerte par l’informatique.

Les labels et les studios actuellement populaires en Zambie, en particulier pour les artistes hip-hop sont les studios Roma Side, Sling Beats, XYZ, Danger Zone, Jeraboh Unit, Dragon Records, Alpha Entertainments, Godysaurus et Blazer. Ils appartiennent tous à des producteurs et artistes locaux.

Les difficultés et les points positifs

Le développement de la scène hip-hop locale, le zam-ragga, n’a pas été sans difficultés. Sa faiblesse vient de sa trop grande dépendance aux sons techno plutôt qu’aux instruments joués en live. Cela, comme l’ont fait écho de nombreux critiques, a privé les fans de la musique zambienne, de prestations live authentiques qui montrent le talent des artistes locaux.

La relative facilitée pour télécharger et copier le matériel numérique n’est pas bien réglementée, d’où le piratage de musique est fort répandu en Zambie, comme partout en Afrique. Inquiétant également est le vol des instrumentaux et des paroles par les artistes entre eux. D’une manière générale, le manque de gros investissements commerciaux dans l’industrie restreint les opportunités pour les musiciens hip-hop de vivre de leur art.

Malgré ces obstacles, l’industrie de la musique est devenue un employeur majeur parmi les jeunes. Il convient également de noter le nombre relativement élevé des artistes féminins dans la scène hip-hop locale, bien plus que dans les périodes zam-rock et kalindula qui l’ont précédé. Par exemple, Mampi est sans doute l’artiste hip-hop féminin la plus populaire de Zambie et est encensée pour ses prouesses vocales et sa dynamique présence scénique. Le hip-hop a également duré plus longtemps que les genres pop antérieurs: depuis 1996 jusqu’à présent (alors que le zam-rock a existé entre 1971 et 1980 et le Kalindula de 1980 à 1996).

Le hip-hop a même été transposé sur d’autres genres populaires tels que gospel, avec des artistes tels que Pompi, Magg 44 et Abel Chungu les artistes plus populaires dans ce genre musical.

De nombreux artistes hip-hop ont acquis une exposition et une reconnaissance internationale. C.R.I.S.I.S (Chisenga Katongo), Ruff Kaida (Masautso Nkhoma) et J Rox (Jackson N’gambi Banda) ont tous gagné des récompenses internationales comme les BEFFTA Awards (Black Entertainment, Film, Fashion, Television and Arts). B-Flow a été félicité par le président américain Barack Obama pour son talent et ses chansons socialement conscientes. JK a également placé la Zambie sur la carte internationale en collaborant avec Oliver Mtukudzi,, Yemi Alade et faisait partie de l’équipe d’artistes africains qui ont collaboré sur ‘One8’ avec R.Kelly.

Tous les artistes mentionnés ci-dessus, montrent que, après plus de deux décennies d’existence, le hip-hop zambien ne cesse d’évoluer.

Source:musicinafrica.net




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