Alors que Denzel Washington, est pressenti pour incarner le général carthaginois dans une production de la plateforme californienne Netflix, des internautes tunisiens ont du mal à accepter que le rôle soit joué par l’acteur afro-américain de 68 ans, serait « trop âgé » par rapport au personnage historique qui avait la trentaine au moment de ses conquêtes.
Pour certains, ce casting serait de l’ordre de l’afrocentrisme, un mouvement né dans les années 80 qui cherche à faire la lumière sur l’identité et les contributions africaines à l’histoire du monde et qui théorise aussi que la civilisation égyptienne aurait des origines uniquement africaines. Une version contestée par les historiens
La polémique sur Hannibal soulève aussi d’autres questions comme l’appropriation culturelle de l’histoire nord-africaine par les Américains.
Pour Meryem Belkaïd, professeure associée en Études francophones et postcoloniales à l’université Bowdoin aux États-Unis, l’Occident se préoccupe assez peu de récits dans lesquels il ne joue pas le rôle central ou dans lesquels il n’est pas le sauveur providentiel.
« Lorsqu’il se pique de raconter des récits différents, situés en dehors de ses frontières actuelles cela crée systématiquement une polémique, notamment en ce qui concerne le choix des acteurs et actrices… ce sont des polémiques parfois utiles en ce qui concerne la représentation des minorités notamment aux États-Unis qui font depuis longtemps un effort de ce côté. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt de récits eurocentrés qui ne représentent ‘les autres’ sous un angle positif que trop rarement, Denzel en fait les frais et c’est au fond bien dommage car le problème est ailleurs… », explique-t-il.