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Portrait: Oussouby Sacko, le Malien qui bouscule les codes au Japon

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En Afrique, quand on parle d’immigration, les premiers choix de destinations sont les pays de l’Occident (Etats-Unis, Canada, Allemagne,France, Angleterre etc.). Rares sont ceux qui s’aventurent dans des pays comme le Japon. Un pays fermé aux étrangers. Même pour des raisons professionnelles. Mais pas pour le malien Oussouby Sacko.

Le Professeur Sacko est un personnage au parcours atypique. Né à Bamako au Mali, cet universitaire de 51 ans est à la tête d’un grand établissement d’enseignement supérieur privé japonais. L’université de Kyoto Seika. Un établissement réputé d’après les observateurs.

Comment expliquer une telle ascension dans un Japon très conservateur où rares sont les ressortissants étrangers à atteindre un poste élevé ?Un noir de surcroît ? Il faut remonter en 1985. Après l’obtention de son baccalauréat, le très bon élève Oussouby obtient une bourse de l’Etat malien. Destinatio: Pékin, la capitale de la Chine.

« À part les Chinois que je croisais sur les chantiers ou dans les hôpitaux, et peut-être quelques films d’arts martiaux, je ne connaissais rien de la Chine et de l’Asie », confiera-t-il à un journal panafricain.

Au pays de Mao, le natif de Bamako passera six années où il suivra un cursus en architecture. En 1992, il s’inscrit à l’université de Kyoto afin de finaliser son master et préparer un doctorat.La grande aventure du malien au pays du soleil-levant débutait ainsi.

« Le Japon offrait alors les conditions idéales pour étudier les sujets qui m’intéressent : l’habitat, les usages et l’organisation d’un espace de vie. J’étais captivé par les interactions dans une même communauté et l’attachement qu’ont les Japonais à leur lieu d’habitation », raconte le cinquantenaire.

La suite ? L’universitaire ne quittera plus la ville de Kyoto. Passé Professeur dans l’établissement en 2001, il évolue progressivement dans la hiérarchie académique de l’université de Kyoto Seika. Elu Doyen de la faculté des humanités en 2013, il est réélu en 2017. Entre temps en 2002, il est naturalisé japonais.

Plus surprenant que son ascension, son adaptation et son intégration rapide dans un milieu « compliqué ». En ce sens, son intégration dans la société japonaise ne semble avoir été guère laborieuse. « Le Japon est un pays où l’on repart à zéro. On est comme illettré quand on arrive, car on ne saisit aucun code. Mais Je ne me suis jamais senti comme l’Africain au Japon mais plutôt comme le collègue qui maîtrise la langue et les codes locaux parce que j’ai fait l’effort d’essayer de comprendre la société, de lire sur les visages et dans l’esprit d’autrui. », renseigne-t-il.Cette qualité d’observation et d’immersion lui permettra de maîtriser la langue locale en seulement six mois.

Désormais président, l’homme n’oublie pas pour autant ses origines.Entrepreneur, il possède un bureau d’étude dans son Mali natal et participe au programme Tokten, qui promeut le retour temporaire au Mali de la diaspora scientifique pour pallier le manque d’enseignant du niveau supérieur et faire évoluer les programmes.

Au sein de son université, il souhaite développer des partenariats avec des écoles africaines et rêve de développer un département sur l’espace contemporain du continent noir pour ouvrir le Japon à l’Afrique. En lui, le continent reste ancré : « Je suis mon chemin, mais l’Afrique sera toujours mon point de chute ».




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